DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:Gout, Paul: Exploration archéologique de la ville de Saint-Émilion, 1
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.24259#0275
GAZETTE DES BEAUX-AKTS.
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tiques, ou matière à études intéressantes au plus haut point. En atten-
dant qu’ils aient fait cette excursion, et ne fût-ce même que pour les
engager à l’entreprendre, nous allons essayer de donner aux lecteurs une
idée de ces curiosités dont quelques-unes présentent un intérêt d’une
rareté vraiment exceptionnelle.
Qu’ils se figurent donc un amphithéâtre de forme elliptique circon-
scrit par les murs d’un rempart dont les fossés sont taillés verticalement
dans le roc. Au sommet du plateau qui domine la ville et dans le liane
duquel est creusée une Eglise monolithe : le Clocher, dont la flèche hardie
s’aperçoit à plusieurs lieues à la ronde, et Y Eglise collégiale, flanquée de
son cloître et de ses dépendances. Çà et là, émergeant des groupes de
maisons, les silhouettes imposantes d’anciennes constructions militaires
ou religieuses: le donjon ou Château du roi, le Palais Cardinal, la Forte
Brunet, les restes du Couvent des Cordeliers et de celui des Jacobins ■
sur la place : la petite Clurpelle de la Trinité, bijou du xnr siècle.
En dehors de la ville, au nord, les ruines de la première église des
Jacobins, cette Grande muraille1 qui reste encore debout malgré son
délabrement, comme pour attester les assauts terribles que Saint-Emilion
eut à soutenir. Au sud, la Chapelle de la Madeleine et les substructions
de celle de Sainte-Marie de Fussiniac. Partout enfin des grottes, des
cavernes profondes, des galeries interminables creusées dans le rocher,
en un mot, une ville souterraine au-dessous de la ville haute. Voilà Saint-
Emilion, qu'il faut plus de temps pour visiter que bien des villes en re-
nom.
Avant de commencer l’exploration détaillée des curiosités qu’on y
rencontre il est utile de dire quelques mots de son histoire.
1
APERÇU HISTORIQUE
Au temps où les Sarrasins que Charles Martel devait arrêter à Poitiers
parcouraient le midi de la Gaule, un saint homme appelé Emilian ou Emi-
lien, d’autres disent Irnmilion, quittait Vannes, son pays natal, où, étant au
service du comte de la ville, il avait été accusé d’user, aux dépens de son
maître, de trop de libéralité envers les pauvres. Si l’on en croit son his-
toire, à vrai dire assez légendaire, un miracle qu’il opéra vint signaler sa
vertu. 11 s’arrêta pendant quelque temps en Saintonge dans un monastère
'1. C’est sous cette dénomination qu’on la désigne dans le pays.
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tiques, ou matière à études intéressantes au plus haut point. En atten-
dant qu’ils aient fait cette excursion, et ne fût-ce même que pour les
engager à l’entreprendre, nous allons essayer de donner aux lecteurs une
idée de ces curiosités dont quelques-unes présentent un intérêt d’une
rareté vraiment exceptionnelle.
Qu’ils se figurent donc un amphithéâtre de forme elliptique circon-
scrit par les murs d’un rempart dont les fossés sont taillés verticalement
dans le roc. Au sommet du plateau qui domine la ville et dans le liane
duquel est creusée une Eglise monolithe : le Clocher, dont la flèche hardie
s’aperçoit à plusieurs lieues à la ronde, et Y Eglise collégiale, flanquée de
son cloître et de ses dépendances. Çà et là, émergeant des groupes de
maisons, les silhouettes imposantes d’anciennes constructions militaires
ou religieuses: le donjon ou Château du roi, le Palais Cardinal, la Forte
Brunet, les restes du Couvent des Cordeliers et de celui des Jacobins ■
sur la place : la petite Clurpelle de la Trinité, bijou du xnr siècle.
En dehors de la ville, au nord, les ruines de la première église des
Jacobins, cette Grande muraille1 qui reste encore debout malgré son
délabrement, comme pour attester les assauts terribles que Saint-Emilion
eut à soutenir. Au sud, la Chapelle de la Madeleine et les substructions
de celle de Sainte-Marie de Fussiniac. Partout enfin des grottes, des
cavernes profondes, des galeries interminables creusées dans le rocher,
en un mot, une ville souterraine au-dessous de la ville haute. Voilà Saint-
Emilion, qu'il faut plus de temps pour visiter que bien des villes en re-
nom.
Avant de commencer l’exploration détaillée des curiosités qu’on y
rencontre il est utile de dire quelques mots de son histoire.
1
APERÇU HISTORIQUE
Au temps où les Sarrasins que Charles Martel devait arrêter à Poitiers
parcouraient le midi de la Gaule, un saint homme appelé Emilian ou Emi-
lien, d’autres disent Irnmilion, quittait Vannes, son pays natal, où, étant au
service du comte de la ville, il avait été accusé d’user, aux dépens de son
maître, de trop de libéralité envers les pauvres. Si l’on en croit son his-
toire, à vrai dire assez légendaire, un miracle qu’il opéra vint signaler sa
vertu. 11 s’arrêta pendant quelque temps en Saintonge dans un monastère
'1. C’est sous cette dénomination qu’on la désigne dans le pays.