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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 27.1883

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Nr. 5
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Mantz, Paul: Exposition de l'art japonais
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https://doi.org/10.11588/diglit.24259#0432

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EXPOSITION DE L’ART JAPONAIS.

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en nacre, en argent, jouent sur un fond de laque d’or. L’autre est un
morceau capital, une boîte à écrire, de forme carrée, dont le couvercle
et l’intérieur sont également fleuris d’incrustations faites de bouquets
découpés dans la nacre et dans le burgau. Il y a là, avec un travail de
composition qui révèle un décorateur de haut vol, une sûreté de main-
d’œuvre, une perfection dans la technique à rendre jaloux les joailliers
les plus adroits. Quand la lumière joue sur ces deux pièces, aux irisa-
tions changeantes, elles donnent au regard une fête sans égale.

L’art japonais, tel que nous le révèle l’exposition de la rue de Sèze,
poursuit ainsi sa marche jusqu’à la révolution de 1868. Nous regrettons
de ne pouvoir parler du xvme siècle, si bien inauguré par Ritsouô et Kôrin.
Ce dernier a formé plusieurs élèves, entre autres Hôhitzou, dont nous
avons déjà cité le nom et qui est l'auteur des deux admirables paravents
exposés par M. Gonse et où des chrysanthèmes enlèvent en relief sur des
fonds d’or la blancheur de leurs pétales. Comme magnificence, le décor
ne saurait aller au delà.

Kôrin est également le maître de Yousen, à propos duquel on pourrait
réimprimer la phrase mémorable que Descamps n’a pas craint de consa-
crer à Hondekoeter : « Tous ses tableaux sont d’oiseaux ». Il les peint
fort élégamment. Yousen n’est pas le seul à réussir dans ce genre. Sur
un paravent dont les feuilles sont encadrées d’or, Okio a dessiné trois
grues à l’encre de Chine. Il n’en faut pas davantage pour apprécier la
manière de ce maître, qui est approximativement un contemporain d’Ou-
dry. Okio aime aussi les mésanges et les martins-pêcheurs. Zaïtiou donne
de la grâce, une grâce d’enfant, aux petits ours noirs égarés dans la
neige. Enfin le prince des animaliers du,xvine siècle finissant, — M. Bing
a de lui un kakémono de 1782, •— c’est Sosen, qui paraît tout à fait ini-
tié aux mouvements assouplis , aux élégantes allures des singes, des
tigres et des daims. Parfois, comme un vaporeux Fragonard, Sosen laisse
un peu flotter la forme ; il n’écrit pas strictement les dessous, mais il
cherche toujours le charme et, subtil observateur, il abonde en délica-
tesses.

Je ne parlerai pas du grand maître moderne Hokousaï. L’œuvre de
ce fécond artiste, qui a touché victorieusement à tous les genres, ne sau-
rait être jugée en quelques pages. Elle est en partie réunie dans une des
vitrines de l’exposition. Les lecteurs de la Gazette connaissent d’ailleurs
mieux que moi l’auteur de la Mangoua et de tant d’autres livres aux
inventions exquises. M. Théodore Duret, qui est un des apôtres de la reli-
gion d’Hokousaï, a consacré à son dieu une étude dont on se sou-
vient. Je renvoie donc les curieux à l’excellent travail de notre colla-

XXVII — 2e PÉRIODE.

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