Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 16.1896)

FRANÇOIS-JOSEPH HEIM

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C’était le premier depuis le rétablissement des grands prix ; il obtint
le second1, qui, tout en ne lui donnant pas le titre de pensionnaire
de l’Ecole de Rome, eut l’avantage inappréciable de le dispenser
du service militaire et de lui permettre de se livrer entièrement à
son art. Encouragé par ce premier succès, il se représenta au concours
l’année suivante et remporta le premier prix avec un Thésée vain-
queur du Minotaure, que l’on peut voir à l’Ecole des Beaux-Arts.

A Rome, Heim alla tout droit aux fortes et puissantes créations
de Michel-Ange. La cité pontificale relevant alors de la France, il
obtint facilement d’établir des échafaudages dans la Chapelle Sixtine,
et là, à hauteur de ces terribles modèles, il se mit à copier les prin-
cipaux groupes du Jugement dernier. Ces dessins, très puissants et
très beaux, dont il se montra toujours fier à juste titre, ont fait
l’admiration de tous ceux qui les ont vus. Il en avait tapissé les
murs de son atelier, à Paris.

Ses copies d’après Michel-Ange et les études qu’il fit alors des
Bolonais lui tracèrent sa route, et, quoique arrivé à Rome à cette
époque où l’antiquité était seule de mode, il sut y voir autre chose
que les restes des civilisations grecque et romaine. Les peintures
des xvie et xvne siècles lui ouvrirent des horizons nouveaux. Il les
étudia avec soin, et son talent s’en ressentit jusqu’à la fin de sa
carrière.

Ses deux envois obligatoires datent de 1812, et représentent
Y Arrivée de Jacob en Mésopotamie et une Figure d’étude. Joachim
Lebreton, secrétaire perpétuel de la classe des Beaux-Arts à l’Institut,
dans son rapport sur les travaux des pensionnaires de Rome, lu en
séance publique le 5 octobre 1812, adresse au jeune artiste de grands
éloges, à propos de ces envois, que celui-ci exposa au Salon de cette
même année, avec une troisième toile désignée sur le livret sous la
dénomination de Portrait de chasseur. Son succès y fut grand. Le
public resta étonné d’une pareille sûreté, d'un talent aussi mûr chez
un débutant.

Cette exposition valut à Heim sa première médaille et le classa
au premier rang; en cette môme année 18122, il reçut du gouverne-
ment impérial la commando du tableau de la Défense de Burgos,

1. Le premier prix fut remporté par Boissellier, élève de Régnault, beaucoup
plus âgé que Heim, puisqu’il était dans sa vingt-huitième année.

2. Ce doit être vers cette même époque que Heim exécuta une grande aqua-
relle en longueur, appartenant au musée de Sèvres, qui représente le cortège du
mariage de Napoléon et de Marie-Louise traversant la grande galerie du Louvre.