PIERRE P U YIS DE CHAYANNES
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les modèles, circonstance décisive, étaient tous dénaturés et diminués
dans les reproductions.
Toutefois, pour être juste, il faut remarquer que c’est chez Cou-
ture que Pu vis a entendu pour la première fois prononcer le nom
de peinture murale, a écoulé des entretiens ou des leçons de peinture
murale h
Sur le silex qu’était Puvis, il est possible que le simple choc du
mot, du sujet de l’entretien, ait suffi pour faire jaillir l’étincelle qui
lui découvrit sa vocation et le tint pour la vie en face du mur.
En revenant de la Corse, j’ai vu, dans les dépendances du
musée de Marseille, un groupe de jeunes Grecs à cheval partant
pour la chasse au soleil levant, signé Puvis, et portant la trace
de l'influence de son premier maître. J’en ai parlé à Puvis ; il en
avait absolument perdu le souvenir.
Il paraîtrait, au dire des biographes et des critiques, que Puvis
de Chavannes, au cours de ses voyages en Italie, aurait retrouvé le
dessin des catacombes. Je dois confesser qu’il ne m’a jamais parlé de
sa découverte. Mais, connaissant l’œil de mon camarade comme je
le connaissais, je ne crois rien hasarder en affirmant que, si l’on eût
ouvert cet œil clos au retour de l’Italie, on y eût surtout retrouvé
l’empreinte ineffaçable de la copie des Noces Aldobrandines faites
par Poussin, parce que c’est la peinture la plus empêtrée dans le mur
que l’on connaisse.
Nous pouvons maintenant aborder l’étude de son œuvre si pro-
fondément inspirée et si profondément calculée et parler du Ravi-
taillement de Paris.
Puvis m’avait déjà écrit, en 1893 : « Je vais choyer le Panthéon,
quand j’en aurai fini avec l’Hôtel de ville. Je veux en faire mon
testament. »
En m’envoyant les cartons du Ravitaillement, le 2 août 1897,
il m’expliquait ainsi ses intentions :
« J’ai fait se croiser le ravitaillement et le peuple allant à la
sainte. Il m’a semblé augmenter ainsi le mouvement général. En
effet, quand deux voitures se rencontrent, elles ont, l’une et l’autre,
l’air d’aller plus vite. Et puis, je faisais ainsi la composition se péné-
trer et s’unifier. »
1. Méthode et entretiens d'atelier, par Thomas Couture. Paris, rue Vintimille,
22, avec la signature de fauteur, 1868.
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les modèles, circonstance décisive, étaient tous dénaturés et diminués
dans les reproductions.
Toutefois, pour être juste, il faut remarquer que c’est chez Cou-
ture que Pu vis a entendu pour la première fois prononcer le nom
de peinture murale, a écoulé des entretiens ou des leçons de peinture
murale h
Sur le silex qu’était Puvis, il est possible que le simple choc du
mot, du sujet de l’entretien, ait suffi pour faire jaillir l’étincelle qui
lui découvrit sa vocation et le tint pour la vie en face du mur.
En revenant de la Corse, j’ai vu, dans les dépendances du
musée de Marseille, un groupe de jeunes Grecs à cheval partant
pour la chasse au soleil levant, signé Puvis, et portant la trace
de l'influence de son premier maître. J’en ai parlé à Puvis ; il en
avait absolument perdu le souvenir.
Il paraîtrait, au dire des biographes et des critiques, que Puvis
de Chavannes, au cours de ses voyages en Italie, aurait retrouvé le
dessin des catacombes. Je dois confesser qu’il ne m’a jamais parlé de
sa découverte. Mais, connaissant l’œil de mon camarade comme je
le connaissais, je ne crois rien hasarder en affirmant que, si l’on eût
ouvert cet œil clos au retour de l’Italie, on y eût surtout retrouvé
l’empreinte ineffaçable de la copie des Noces Aldobrandines faites
par Poussin, parce que c’est la peinture la plus empêtrée dans le mur
que l’on connaisse.
Nous pouvons maintenant aborder l’étude de son œuvre si pro-
fondément inspirée et si profondément calculée et parler du Ravi-
taillement de Paris.
Puvis m’avait déjà écrit, en 1893 : « Je vais choyer le Panthéon,
quand j’en aurai fini avec l’Hôtel de ville. Je veux en faire mon
testament. »
En m’envoyant les cartons du Ravitaillement, le 2 août 1897,
il m’expliquait ainsi ses intentions :
« J’ai fait se croiser le ravitaillement et le peuple allant à la
sainte. Il m’a semblé augmenter ainsi le mouvement général. En
effet, quand deux voitures se rencontrent, elles ont, l’une et l’autre,
l’air d’aller plus vite. Et puis, je faisais ainsi la composition se péné-
trer et s’unifier. »
1. Méthode et entretiens d'atelier, par Thomas Couture. Paris, rue Vintimille,
22, avec la signature de fauteur, 1868.