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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 22.1899

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Nr. 1
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Buisson, Jules: Pierre Puvis de Chavannes, 1: souvenirs intimes
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https://doi.org/10.11588/diglit.24686#0023

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PIERRE PUVIS DE CI1AVANNES

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été troué. J'ai eu un instant de suffocation par le choc, mais aujour-
d’hui je ne ressens qu’une énorme courbature générale. J’ai gagné
à cette affaire de connaître la valeur de mon estomac, car je venais
de dîner et ma digestion a continué sans le moindre encombre. C’est
bien mon estomac du lycée Henri IV. »

Hélas! L’estomac de Puvis, comme celui du comte de Chambord,
comme celui du comte de Paris, comme celui de tous les solides
mangeurs, était un de ces estomacs qui se vengent L Henner ren-
contrant son ami au Louvre, le dos voûté, la figure altérée, faillit
ne pas le reconnaître. Il était atteint dans ses forces vives, le
pinceau tombait de ses mains avant que son dernier ouvrage fût
achevé.

J’écrivais dans ce recueil en 1881, à propos de VEnfance de
sainte Geneviève : « M. Puvis a rencontré du premier coup, au Pan-
théon, la note juste et la mesure exacte de la sonorité que pouvait
supporter le monument. » La décoration est aujourd’hui achevée
et la démonstration complète. Puvis est le seul qui ait respecté le
silence du temple. Malgré les preuves de talent prodiguées en sens
divers par les premiers hommes de notre école, il est évident que les
autres y parlent haut. 11 y en a qui vocifèrent. Rien qu’en fermant
les yeux, cependant, et en imaginant posément les divers sujets de
la décoration livrés, sinon à une seule main, au moins à une même
école, Je tapage cesse et l’on a la perception nette de ce que doit
être désormais la peinture murale dans un grand pays artiste. Il
faut lui restituer l’unité.

Autre a été la pensée qui a présidé à la décoration du Panthéon.
Le directeur des Beaux-Arts dont le nom restera attaché aux deux
plus grands faits artistiques du siècle : la pensée de la décoration de
tous les monuments nouveaux par une noble concurrence entre
l’Etat, les grandes villes, les grandes sociétés, compagnies et admi-
nistrations, et l’émancipation des artistes par la substitution de l’as-
sociation libre au mécénianisme des aristocraties ou de l’Etat, le
marquis de Chenncvières, l’avait conçue autrement.

Elle était, dans son vaste projet, une sorte de résumé de toute
la grande production artistique de notre siècle. Au point de vue
historique, elle pouvait se défendre. Elle s’expliquait au point de
vue administratif, par la nécessité secondaire des commandes. Mais

t. Puvis ne mangeait presque rien dans la journée pour avoir l’entière
liberté du travail, mais le soir il faisait un repas copieux. Excellente hygiène de
travail, détestable hygiène de longévité.

XXII. — 3e PÉRIODE.

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