LES SALONS DE 1899
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avec quelques repentirs intéressants, d’une main attentive, toujours
un peu impatiente et crispée.
M. Henri Martin déploie une large composition : Sérénité. C’est
un bocage virgilien, — celui qu’habitent, au VIe livre de YÉnéicle,
les âmes défuntes admises au repos : Devenere locos lætos... J’en
reconnais la « lumière pourprée ». Cette lumière, qu’affectionne
M. Henri Martin, où l’a-t-il observée? Sur les troncs écailleux et
PÊCIIE AU GANGDI DANS UE GOLFE DE MARSEILLE, PAR M. J.-F. AUBURTIN
(Société Nationale des Beaux-Arts.)
rougeâtres des pins, je crois, à l’heure embrasée du couchant. Elle
éveille l’idée d’une région sèche, sableuse, pauvre en sources, bref
assez peu élyséenne; non sans charme pourtant. Et cette lumière,
qui s’éparpille sur le gazon en taches claires, ordonne toute la
composition; elle vient obliquement de la droite; les divers per-
sonnages tendent de ce côté ; d’autres, délivrés de la pesanteur et
qui se meuvent dans l’air, y volent d’un même essor, selon une
formule de mouvements parallèles que nous avions déjà remarquée
dans certains panneaux du même peintre, par exemple dans
Clémence Isaure apparaissant aux troubadours. Toutes les figures,
tournées en haut, bayent aux rayons dont elles sont baignées et
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avec quelques repentirs intéressants, d’une main attentive, toujours
un peu impatiente et crispée.
M. Henri Martin déploie une large composition : Sérénité. C’est
un bocage virgilien, — celui qu’habitent, au VIe livre de YÉnéicle,
les âmes défuntes admises au repos : Devenere locos lætos... J’en
reconnais la « lumière pourprée ». Cette lumière, qu’affectionne
M. Henri Martin, où l’a-t-il observée? Sur les troncs écailleux et
PÊCIIE AU GANGDI DANS UE GOLFE DE MARSEILLE, PAR M. J.-F. AUBURTIN
(Société Nationale des Beaux-Arts.)
rougeâtres des pins, je crois, à l’heure embrasée du couchant. Elle
éveille l’idée d’une région sèche, sableuse, pauvre en sources, bref
assez peu élyséenne; non sans charme pourtant. Et cette lumière,
qui s’éparpille sur le gazon en taches claires, ordonne toute la
composition; elle vient obliquement de la droite; les divers per-
sonnages tendent de ce côté ; d’autres, délivrés de la pesanteur et
qui se meuvent dans l’air, y volent d’un même essor, selon une
formule de mouvements parallèles que nous avions déjà remarquée
dans certains panneaux du même peintre, par exemple dans
Clémence Isaure apparaissant aux troubadours. Toutes les figures,
tournées en haut, bayent aux rayons dont elles sont baignées et