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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 22.1899

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Nr. 1
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Michel, Émile: Le comte Henri Delaborde
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https://doi.org/10.11588/diglit.24686#0081

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

en sa personne ; la simplicité et la grâce de son accueil ajoutaient
un charme extrême à la vénération qu’il inspirait. Avec sa douceur
bienveillante, avec une courtoisie qui ne se démentait jamais, il
était très exigeant pour lui-mème, d’une sincérité entière, d’une
sûreté et d’une droiture à toute épreuve. Dans le cours de cette
longue existence, on ne pourrait relever aucune défaillance et il
n’eut jamais à cacher que le bien qu’il faisait. Il avait placé trop
haut son idéal pour être accessible aux suggestions de la vanité, à
ce besoin de succès ou à cette soif d’honneur qui trop souvent rabais-
sent des hommes remarquables à d'autres titres. Il s’était habitué de
bonne heure à s’examiner lui-même, à descendre au fond de sa
conscience sous l’œil de Dieu : il ne connut jamais d’autre juge, ni
d’autre maître.

Dès son enfance, il avait aimé les arts ; son bonheur était de
voir des tableaux, de colorier des images, de feuilleter des livres à
gravures. Mais la vocation qu’il manifestait pour la peinture n’avait
rencontré que des répugnances dans sa famille. Craignant de nuire
à ses études classiques, son père lui avait toujours refusé les leçons
de dessin qu’il désirait si ardemment. Plein de soumission pour ce
père qu’il aimait avec tendresse, le jeune homme s’était plié à sa
volonté. Après de bonnes études littéraires faites au collège Charle-
magne et au lycée Bourbon, il avait déjà pris une première inscrip-
tion de droit, quand la constance de ses goûts artistiques finit par
triompher de la résistance de ses parents. Entré en 1829 dans
l’atelier de Paul Delaroche, où il se liait avec Eugène Lami, il y
demeurait pendant cinq ans, et son maître, heureux de trouver en
lui les dons les plus rares unis à une entière docilité, l’avait peu à
peu traité en véritable ami. C’est avec lui et avec Edouard Berlin
que M. Dclaborde partit, en 1834, pour l’Italie, où, pendant un an,
il se livrait à un travail acharné. L’admiration que les chefs-d’œuvre
de la Renaissance excitèrent en lui fut aussi vive que profonde. Il
n’avait pas attendu que les Primitifs devinssent à la mode pour
goûter leur saveur et leur poésie. Les dessins et les aquarelles qu’il
ht d’après eux, avec une conscience scrupuleuse, lui avaient permis
de pénétrer dans leur intimité.

Entre tous, le Bienheureux Angélique de Fiesole l’avait attiré.
La pureté de ses inspirations, la beauté innocente et la suave candeur
de ses œuvres sans artifice allaient droit à son cœur. A travers
l’ingénuité d'une exécution aussi limpide, aussi transparente que le
cristal, il découvrait une âme élevée et tendre, bien faite pour
 
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