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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
sition de Croix ; œuvre tout imprégnée par l'ancienne école lombarde,
symétrique, sèche, un peu rude., et qui semble plus hiératique et
plus asservie aux formules, dans celte église emplie par les ligures
puissantes du Bergognone. Au-dessous du sujet principal, Luini a
mis, dans une petite frise oblongue, l’histoire de Constantin et
d’Hélène. On a dit, avec raison,que cette prédelle montre des scènes
toutes pleines de vie b Le don suprême apparaît, dès les premiers
pas, chez Luini.
Il est probable qu’il avait déjà produit alors la plus grande
partie de cette vaste décoration pour la Casa Pelucca, sa première
œuvre d’ensemble. La « Pelucca », pour lui donner le nom habituel,
est une maison de campagne entre Milan et Monza ; l’on quitte la
route à Sesto San Giovanni ; la maison apparaît, après une demi-
lieue, rustique et délabrée. Elle a été trop bien décrite pour que je la
détaille encore1 2. Il n’y reste plus rien des fresques prodiguées par
Luini, par le Bramantino3; à peine, dans l’ancienne chapelle, trans-
formée en cuisine, quelques ornements de la voûte ; et, sur la porte
d’une salle, à droite de l’entrée, une inscription qui supportait une
fresque en forme de trapèze, faite pour décorer le manteau d’une
cheminée ; c’est Vulcain et Vénus forgeant les armes d’Achille4.
Une partie des fresques peintes à la Pelucca (et dispersées main-
tenant à Brera, dans les salles mornes du Palais-Boyal, à Milan, au
Louvre, dans la collection Cernuschi, et aujourd’hui dans celle de
M. R. Kann, à Paris5), et même, la plus grande partie de ces fresques,
laisse voir l’élève et fait pressentir, sans le révéler entièrement,
le peintre qui composera la Sainte Catherine. Dans ces premiers
ouvrages, le coloris, ocreux et sourd, la touche, écrasée et timide,
1. « Die Predella mit sehr lebendigen scenen. » (Cicerone, 7lc éd., publiée
parE. Y. Fabriczy u. W. Bode, 1898, II, p. 824).
2. Luca Beltrami, Dernarclino Luini e la Pelucca. Extrait de VArcliivio storico
delV Arte, sér. lrc année I, fasc. I-II. Roma, 1895, in-4°, 19 p., 9 grav. et un plan.
3. M. Cari Brun attribue formellement au Bramantino les Deux enfants sous
une treille, nos 234 et 235 du Louvre, que notre musée donne à Luini. (Neujahrs-
blatt für Kiinstlergesellschaft, p. 5). De même Luini travaillait à Locarno, où le
Bramantino peignit en 1522 les fresques de l’Annunziata. On a vu plus haut que
Cesariano nomme l’un immédiatement avant l’autre.
4. Aujourd’hui placé dans le Palais-Royal, à Milan. Le Louvre (n° 1356) pos-
sède le pendant, Vulcain forgeant une aile de l’Amour, affreusement mat conservé.
5. Un ange, un genou en terre, une torche à la main, et qui faisait un pen-
dant à celui du Palais-Royal à Milan, est aussi conservé chez M. Guzzi, rue
Prince-Humbert, n° 8, à Milan.
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sition de Croix ; œuvre tout imprégnée par l'ancienne école lombarde,
symétrique, sèche, un peu rude., et qui semble plus hiératique et
plus asservie aux formules, dans celte église emplie par les ligures
puissantes du Bergognone. Au-dessous du sujet principal, Luini a
mis, dans une petite frise oblongue, l’histoire de Constantin et
d’Hélène. On a dit, avec raison,que cette prédelle montre des scènes
toutes pleines de vie b Le don suprême apparaît, dès les premiers
pas, chez Luini.
Il est probable qu’il avait déjà produit alors la plus grande
partie de cette vaste décoration pour la Casa Pelucca, sa première
œuvre d’ensemble. La « Pelucca », pour lui donner le nom habituel,
est une maison de campagne entre Milan et Monza ; l’on quitte la
route à Sesto San Giovanni ; la maison apparaît, après une demi-
lieue, rustique et délabrée. Elle a été trop bien décrite pour que je la
détaille encore1 2. Il n’y reste plus rien des fresques prodiguées par
Luini, par le Bramantino3; à peine, dans l’ancienne chapelle, trans-
formée en cuisine, quelques ornements de la voûte ; et, sur la porte
d’une salle, à droite de l’entrée, une inscription qui supportait une
fresque en forme de trapèze, faite pour décorer le manteau d’une
cheminée ; c’est Vulcain et Vénus forgeant les armes d’Achille4.
Une partie des fresques peintes à la Pelucca (et dispersées main-
tenant à Brera, dans les salles mornes du Palais-Boyal, à Milan, au
Louvre, dans la collection Cernuschi, et aujourd’hui dans celle de
M. R. Kann, à Paris5), et même, la plus grande partie de ces fresques,
laisse voir l’élève et fait pressentir, sans le révéler entièrement,
le peintre qui composera la Sainte Catherine. Dans ces premiers
ouvrages, le coloris, ocreux et sourd, la touche, écrasée et timide,
1. « Die Predella mit sehr lebendigen scenen. » (Cicerone, 7lc éd., publiée
parE. Y. Fabriczy u. W. Bode, 1898, II, p. 824).
2. Luca Beltrami, Dernarclino Luini e la Pelucca. Extrait de VArcliivio storico
delV Arte, sér. lrc année I, fasc. I-II. Roma, 1895, in-4°, 19 p., 9 grav. et un plan.
3. M. Cari Brun attribue formellement au Bramantino les Deux enfants sous
une treille, nos 234 et 235 du Louvre, que notre musée donne à Luini. (Neujahrs-
blatt für Kiinstlergesellschaft, p. 5). De même Luini travaillait à Locarno, où le
Bramantino peignit en 1522 les fresques de l’Annunziata. On a vu plus haut que
Cesariano nomme l’un immédiatement avant l’autre.
4. Aujourd’hui placé dans le Palais-Royal, à Milan. Le Louvre (n° 1356) pos-
sède le pendant, Vulcain forgeant une aile de l’Amour, affreusement mat conservé.
5. Un ange, un genou en terre, une torche à la main, et qui faisait un pen-
dant à celui du Palais-Royal à Milan, est aussi conservé chez M. Guzzi, rue
Prince-Humbert, n° 8, à Milan.