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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 22.1899

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Nr. 2
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Gauthiez, Pierre: Notes sur Bernardino Luini, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24686#0114

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104

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Milan, et obtenaient que Luini peignît pour eux la chapelle leur
appartenant clans l’église de Saint-Georges, moyennant un prix de
371 francs impériaux L »

Cette décoration subsiste dans la troisième chapelle à droite ; ce
sont des scènes du grand drame de la Passion ; l’une, La Déposition
de Croix, peinte sur toile et à l’huile, et, au-dessus, Le Couronnement
d’épines; à la voûte, une fresque du Christ en Croix; h droite, les
soldats jouant aux dés les vêtements de Jésus, et à gauche, l’éva-
nouissement de la Vierge. Tout cela d’un style superbe, avec des
figures d’un caractère profond et pénétrant, comme la Madeleine, et
de curieux personnages ; un fonctionnaire, dans YEcce homo, sous
cette palatine d’hermine que l’on retrouvera sur les épaules d’un des
Rois mages à Sarronno, passe pour le portrait de Luini à quarante
ans — ou trente-cinq, s’il est né vers 1470. Mais que dire d’une
couleur tellement sombrée et saurée ? C'est le cadavre de chefs-
d’œuvre noircis au sépulcre d’une église.

Un pas encore : nous avons la date de 1516. Le 25 mars de cette
année, par devant le notaire Asolani, de Milan, il était stipulé que
Luini recevrait cent soixante écus pour un tableau d’autel destiné à
l’église de Legnano. C’est le plus grand ouvrage à l’huile qu’ait pro-
duit Bernardino Luini.

Legnano, c’est un bourg industriel et agricole, noir et triste, à
vingt-huit kilomètres de Milan, sur le chemin de fer qui va vers
Arona. Des tramways à vapeur sordides y mènent encore, et leur
station se trouve au « Forum Bonaparte ». Un assez long trajet dans
la campagne milanaise : des labours entre des mûriers, une route
agreste parmi de longs fossés ; aux pluies d’automne, ces champs de
Lombardie expliquent à merveille les vers des Géorgiques : « Plenis
rura natanl fossis. » Oui, les champs nagent, les fossés sont pleins ;
la riche et plate Lombardie serait monotone, si l’horizon n’était
fermé par les Alpes, déjà poudrées par les neiges. Et, çà et là, de
vastes masures conservent des fresques à demi effacées ou la guivre
des Sforza dévorant un enfant. Hormis les cheminées d’usine, qui se
dressent auprès des campaniles, le pays n’a pas dû changer beau-
coup depuis trois siècles.

Le tableau de Luini se trouve dans l’église de San Magno ;
cet édifice, élevé sur l’énorme place cailloutée, montre l’influence
de Bramante ; il a sans doute été inspiré par la Madonna di Piazza,
bâtie par Lonati à Busto Arsizio, dont il répète, en de plus grandes
Notes Beltrami-Motta {La Cronologia luinesca).
 
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