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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 22.1899

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Nr. 2
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Valabrègue, Antony: Claude Gillot, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24686#0126

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

admettre qu’il serait allé trouver le maître de Langres en l’année
1710. C’est, en effet, à cette date que Gillot fut jugé digne d’être
admis à l’Académie, sauf à préparer, comme c’était l’usage, son
tableau de réception. Watteau, né en 1684, avait alors vingt-six
ans. Quand nous nous rappelons la merveilleuse fécondité de l’ar-
tiste et ses débuts difficiles, nous pouvons croire qu’il a dû quitter
plus tôt la maison du marchand de tableaux du pont Notre-Dame,
Métayer, chez lequel il avait peint des Saint Nicolas à la douzaine. On
sait qu’il avait eu, à Valenciennes, un premier maître, nommé Gérin,
chez lequel il n’avait guère fait qu’une sorte d’apprentissage, et qui
mourut en 1702. C’est peu de temps après la mort de Gérin que
Watteau partit pour Paris. Nous aurions, quant à nous, envie de
dire que ce dernier était entré dans l’atelier de Claude Gillot vers
sa vingtième année, c’est-à-dire en 1704 ou 1705.

Watteau avait onze ans de moins que celui qui allait devenir
pour lui un initiateur. Cette différence d’âge était assez sensible; le
disciple devait sentir vivement l’influence du maître avec lequel il
avait, suivant Caylus, « des rapports de goût, de caractère et
d’humeur ». Une véritable intimité, une sorte de camaraderie des
plus heureuses avait, dès le début, rapproché les deux artistes.
Gillot ouvre à Watteau des horizons nouveaux; il lui montre tout
ce qu’il y a de séduisant dans le monde du théâtre et dans les
scènes de la vie parisienne. Watteau se développe, à côté de l’habile
décorateur, en travaillant avec lui et en s’assimilant quelques-unes
de ses idées et de ses procédés.

Dans la notice qu’il a consacrée à Watteau, Caylus explique
comment Gillot abandonna la peinture après avoir vu le succès de
celui qui s’était formé sous sa direction et qui devenait pour lui un
rival. Tandis que le talent de son brillant élève s’affirmait et se déve-
loppait tous les jours, Gillot, préoccupé d’une démonstration d’un
autre genre, s’était mis en tête de prouver quhl était capable de
traiter des sujets d’un ordre élevé. Depuis qu’il avait été agréé à
l’Académie, ce peintre de scènes de théâtre, cet humoriste ingénieux,
avait conçu de singulières idées ; il travaillait à un Christ en croix
et il allait dessiner les scènes de la Vie de N.-S. Jésus-Christ qui
furent gravées par Gabriel Huquier.

En 1715, les membres de l’Académie le reçurent dans leur
assemblée, où il apportait son Christ ; cette composition, assez
amollie, assez faible, traitée sans fermeté, est reproduite dans le
recueil que nous venons de citer. Le tableau lui-même fut, suivant
 
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