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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Nous ne connaissons qu’une dissonance, à côté du concert d’ap-
préciations louangeuses qui se produisirent. Le poète Gacon, grand
faiseur d'épi grammes, et qui avait eu la patience de rimer tout un
livre sous ce titre : Les Fables de La Motte, mises en vers français,
Gacon, épanchant sa bile, attaqua la collaboration qui avait uni le
graveur et le fabuliste :
Quand le graveur Gillot et le poëte Houdart
Pour illustrer la Fable, eurent mis tout leur art,
C’est une vérité bien sûre,
Que le poëte Houdart et le graveur Gillot,
En fait de vers et de gravure,
Nous feront regretter La Fontaine et Callot.
VIII
Les sujets qui appartiennent au musée du Louvre nous don-
nent une idée assez nette du talent de Gillot. Parmi les compositions
qui retracent des scènes de théâtre, une de celles que nous avons
reproduites représente un bon tour, une farce d’Arlequin. Ce
morceau, dessiné à la sanguine, est gravé dans le recueil publié par
Huquier, sous ce titre : Théâtre Italien, livre de scènes comiques. On
y voit trois personnages,, prêts à se mettre à table, qui sont, comme
par enchantement, enlevés en l’air. Arlequin, une torche à la main,
vient de causer une explosion ; il se sauve, en laissant ses victimes
ahuries et mystifiées. Un autre dessin représente une sérénade, à
laquelle prennent part tous les acteurs de la troupe italienne. Ces
sujets différents reproduisent des scènes de pièces de théâtre, dont
le titre nous a été conservé par Huquier. Nous pouvons nous-même
donner ici l’explication d’une composition non gravée, inspirée
d’une pièce du même répertoire : Le Tombeau de maître André. Le
dessin auquel nous faisons allusion, et où l’on voit Arlequin monté
sur un âne, escorté de deux marmitons sonnant de la trompette, et
un homme couché sur des tonneaux qui se relève en tenant un
verre à la main, met sous nos yeux la scène finale où maître André
revient subitement à la vie !. Le musée du Louvre a de Claude
Gillot quelques dessins de décoration et d’ornementation, où nous
retrouvons, sous une forme légère et vive, les motifs d’arabesques,
les attributs variés., qui distinguent l’art de cette époque. Nous
1. Notice des dessins du Louvre. 2e partie, n0 753 du catalogue. Voir, pour le
Tombeau de maître André, le Théâtre Italien de Gherardi.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Nous ne connaissons qu’une dissonance, à côté du concert d’ap-
préciations louangeuses qui se produisirent. Le poète Gacon, grand
faiseur d'épi grammes, et qui avait eu la patience de rimer tout un
livre sous ce titre : Les Fables de La Motte, mises en vers français,
Gacon, épanchant sa bile, attaqua la collaboration qui avait uni le
graveur et le fabuliste :
Quand le graveur Gillot et le poëte Houdart
Pour illustrer la Fable, eurent mis tout leur art,
C’est une vérité bien sûre,
Que le poëte Houdart et le graveur Gillot,
En fait de vers et de gravure,
Nous feront regretter La Fontaine et Callot.
VIII
Les sujets qui appartiennent au musée du Louvre nous don-
nent une idée assez nette du talent de Gillot. Parmi les compositions
qui retracent des scènes de théâtre, une de celles que nous avons
reproduites représente un bon tour, une farce d’Arlequin. Ce
morceau, dessiné à la sanguine, est gravé dans le recueil publié par
Huquier, sous ce titre : Théâtre Italien, livre de scènes comiques. On
y voit trois personnages,, prêts à se mettre à table, qui sont, comme
par enchantement, enlevés en l’air. Arlequin, une torche à la main,
vient de causer une explosion ; il se sauve, en laissant ses victimes
ahuries et mystifiées. Un autre dessin représente une sérénade, à
laquelle prennent part tous les acteurs de la troupe italienne. Ces
sujets différents reproduisent des scènes de pièces de théâtre, dont
le titre nous a été conservé par Huquier. Nous pouvons nous-même
donner ici l’explication d’une composition non gravée, inspirée
d’une pièce du même répertoire : Le Tombeau de maître André. Le
dessin auquel nous faisons allusion, et où l’on voit Arlequin monté
sur un âne, escorté de deux marmitons sonnant de la trompette, et
un homme couché sur des tonneaux qui se relève en tenant un
verre à la main, met sous nos yeux la scène finale où maître André
revient subitement à la vie !. Le musée du Louvre a de Claude
Gillot quelques dessins de décoration et d’ornementation, où nous
retrouvons, sous une forme légère et vive, les motifs d’arabesques,
les attributs variés., qui distinguent l’art de cette époque. Nous
1. Notice des dessins du Louvre. 2e partie, n0 753 du catalogue. Voir, pour le
Tombeau de maître André, le Théâtre Italien de Gherardi.