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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 22.1899

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Nr. 2
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Desjardins, Paul: Les salons de 1899, 4, Peinture
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https://doi.org/10.11588/diglit.24686#0143

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LES SALONS UE 1S99

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en garde contre l’emphase. La peinture d’intérieurs n’a pas eu ses
Bolonais.

Ce qui d’abord attache, dans une chambre close, c’est la lumière
ménagée, filtrant par les ouvertures en faisceaux étroits. De là cer-
tains effets curieux ou agréables. M. Alexander [le Rayon de soleil)
darde une flèche de lumière, obliquement, sur le bras et la main
d’une femme qui, penchée dans l’ombre sur un violoncelle, en
devient plus mystérieuse. La peinture même est, si je puis dire,
musicale ; le rayon, comme un coup d’archet, fait vibrer les cordes
graves des ombres assourdies.

M,le Louise Breslau, dans une série de toiles et de pastels, pour-
suit la même recherche dont nous l’avons vue occupée depuis
quelque temps déjà : celle des contacts de la lumière sur les visages,
dans l’éclairage latéral des appartements. Des modistes sont assises
à leur établi; de jeunes pensionnaires chantent au piano; des femmes
se coiffent. Le dessin est quelquefois maigre, le coloris peu savou-
reux, mais l’attention se porte sur le halo lumineux qui enveloppe
une joue, une nuque., un front; et, comme il est visible que l’ar-
tiste a joui délicatement de cette caresse des rayons sur de frêles
figures, on en est charmé de même. Le mieux venu de ces tableaux
intéressants m’a paru être le Miroir : une jeune femme en peignoir,
devant sa table à coiffer, est accommodée par sa camériste ; les
linges sont joliment traités, l’atmosphère est légère, l’éclairage
discret.

M. Bréauté, lui aussi, continue les études de lumière artificielle
qu’il exposait l’an dernier. Ses deux tableaux de cette année repro-
duisent un même effet, dont il paraît donc fort content. Dans un
salon aux tentures moelleuses, parmi des chaises dorées, des jeunes
filles à demi parées, en jupes de tulle, mais sans corsage encore
et leurs bras fluets sortant de la chemise de batiste, se préparent au
bai. Leur profil menu fait souvenir deHelleu; l’élasticité de leurs
mouvements rappelle Degas. Les reflets sont notés d’une touche
agile; on dirait un frottis de pastel... Mais voici l’effet dont
M. Bréauté s’applaudit: une des jeunes filles est assise au piano;
son profil (ô la jolie coiffure!) s’enlève en sombre sur la page de
musique éclairée par la lumière rougeâtre d’une bougie que la tête
cache. C’est une trouvaille gracieuse, et M. Bréauté y revient deux
fois. C’est bien ; mais à présent je voudrais qu’il cherchât d’autres
aspects.

Begardons maintenant une salle spacieuse où le jour s’étale,
 
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