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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 22.1899

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Nr. 2
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Hymans, Henri: Correspondance de Belgique
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https://doi.org/10.11588/diglit.24686#0177

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CORRESPONDANCE DE BELGIQUE

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manuscrils du grand dépôt littéraire de l’État belge, indique dès l’abord ses
hautes origines. Ce fonds premier, au cours des temps, s’est notablement
appauvri. 11 faut lire ses tribulations dans un travail publié aux premières années
de ce siècle par de La Serna Santander, qui fut bibliothécaire de la ville de
Bruxelles, mais se rappeler aussi que ce savant écrivait à un moment où,
pour la seconde fois, ses chers manuscrits étaient allés grossir des collections
françaises et qu'après avoir fait un premier voyage à Paris sous Louis XV, ils
venaient d’en faire un deuxième sous la République. La plupart de ceux dont il
déplore la perte ont, depuis, leur place dans les armoires de la Bibliothèque de
Bruxelles et se trouvent actuellement exposés dans un local qui, chose assez
curieuse, dépend de l’ancien palais des gouverneurs généraux où déjà iis furent
rassemblés une couple de fois, depuis que l’incendie du vieux palais des ducs de
Brabant avait fait de l'hôtel de Nassau la résidence des princes.

Il serait difficile, pour ne pas dire impossible, de donner ici l’énumération
de toutes les œuvres précieuses qui constituent l’exposition; on y rencontre
nécessairement des trésors n’ayant rien de commun avec l’art, bien que très
vénérables ; on y remarque aussi des manuscrits du haut moyen âge de caractère
archaïque, documents d’un rare intérêt pour la science, reliques dont le détail
allongerait sans utilité cette correspondance. Ce qu’il importe de signaler au
courant de la plume, ce sont quelques miniatures dont la beauté et la délica-
tesse ne le cèdent en rien aux plus exquises productions picturales du moyen
âge. D’une manière ‘générale, il est à peine nécessaire de vanter l'inépuisable
source d’informations sur la physionomie et les mœurs que révèle une étude
des documents dont il s’agit. La cour des rois de France, celle des ducs de
Bourgogne son alliée, revivent là tout entières, avec leurs costumes guindés,
leur rigide éLicjucLLe. Il est rare que les auteurs des manuscrits, leurs calligraphes
sans doute avant leurs peintres, négligent de se représenter à genoux devant ces
princes, offrant humblement le tribut de leurs veilles ; c’est pour nous l’occasion
de connaître des intérieurs du plus vif intérêt. Ailleurs, ce seront des vues de
contrées, de monuments connus. Un Traité des OEuvrcs de miséricorde nous
montre Marguerite d’York, femme de Charles le Téméraire, agenouillée non
loin de l’église de Sainte-Gudule rendue dans tous ses détails. Puis ce sont des
porLraits exquis des princes et de leur entourage. Jean Mielot, chanoine de
Lille et calligraphe des ducs de Bourgogne, dans son Traité de l'Oraison domini-
cale (1456), nous montre, dans une miniature étonnante de profondeur et d’effet,
Philippe le Bon assistant à la messe, scène évidemment peinte d'après nature.
On y remarque même devant le prince un petit diptyque où se déchiffre à
peu près une figure de Vierge, et qui donne l’idée précise de ces délicates pein-
tures de van Eyclc et de ses continuateurs que leurs possesseurs avaient sous
les yeux pendant les saints offices, alors qu’ils feuilletaient les précieux bré-
viaires qui sont là devant nous.

Un manuscrit du roi René, Le Mortifiemcnt de vaine plaisance, est orné d’une
miniature de la main du roi de Sicile même, grand peintre devant l’Éternel, on
le sait, nous le montrant à son travail de calligraphie. Il faut voir ailleurs le
chevalier de La Tour-Landry enseignant à ses filles, extraordinairement nom-
breuses. Dans le livre de la Moralité du jeu d'échecs, de Jean de Vignay, l’auteur
offre son livre à Jean II de France. Rien ne surpasse en perfection, dans tout
 
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