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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 22.1899

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Nr. 3
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Dilke, Emilia Francis Strong: Chardin et ses œuvres à Potsdam et à Stockholm, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24686#0197

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

commandait le chevalier de Laroque et que gravait Cochin ; nous le
trouvons à tous les coins de cette éclatante petite toile. »

Ilélas ! Le pauvre tableau commandé par de Laroque, le tableau
dont on nous prie d’admirer le métier, « le travail de brosse », esta
Stockholm et, loin de constituer « une éclatante petite toile », il est
dans un triste état. MM. de Goncourt ne sont pas, j’imagine, allés à
Stockholm, mais j’y suis allée et je me suis souvent demandé ce que
Chardin aurait dit s’il avait su ce que j’ai affronté,

Mulias per gentes, multa per æquora vecius,

dans la seule intention de voir, de mes yeux, le premier exemplaire
de La Fontaine. Elle est peinte non sur toile, mais sur un panneau
de chêne et a cruellement souffert, probablement d’avoir été exposée
à la chaleur d’un poêle dans le palais royal d’où on l’a transférée au
Musée national ; couverte de boursoufflures, c’est un débris qui défie
toute restauration ; mais elle est signée et datée, et on y peut nette-
ment déchiffrer, dans l’angle gauche, l’inscription : chardin, 1733.
Ainsi, cette œuvre, qui nous montre le maître dans l’entière posses-
sion de ses forces et dans la plénitude de sa « veine bourgeoise »,
fut peinte pour de Laroque, quatre ans avant 1737, année où elle
figura au Salon, et vient de la sorte se placer juste à la même date
que l’amoureuse et élégante Dame cachetant une lettre. Au Salon de
l’année suivante (1738), en effet, Chardin envoyait « un tableau de
quatre pieds en carré, représentant une dame occupée à cacheter
une lettre », tableau qui avait figuré précédemment parmi les seize
peintures montrées par lui, en 1734, place Dauphine L Ce tableau,
signé et daté j.-s. chardin 1733, nous le retrouvons aujourd’hui,
sous le titre de Die Brief-Sieglerinn, au Nouveau palais de Potsdam,
et je tiens de M. Silvy qu’il fut découvert par lui, en compagnie
de MM. Thibandeau et Danlos, il y a quelques années, derrière une
armoire, dans le garde-meuble du Vieux Potsdam. Calino, s'il
racontait l’aventure, dirait que Chardin, qui date rarement ses
tableaux, n’a daté celui-ci que pour confondre les frères Goncourt.

La Brief-Sieglerinn est un tableau extrêmement intéressant et
son moindre mérite n’est pas dans l’exécution, qui présente les
mêmes caractères que celle des Bouteilles de savon et des Tours de
cartes. Dans chacun de ces trois morceaux, nous rencontrons la même
mosaïque de couleurs sans liaison, si l’on peut s’exprimer ainsi. Le

R « La plus grande toile représentait une Jeune Femme qui attend avec impa-
tience qu'on lui donne de la lumière pour cacheter une lettre ».
 
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