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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
en fi il; les Six saints du même musée (137) ; Y Adam et Eve de
Brunswick (72), et la Sainte Trinité, du musée de Leipzig (133). Il
est vrai que la tradition assigne au tableau de Torgau, que nous
avons cité en premier lieu, la date de 1303; il existe aussi un dessin
(exposé pour le moment au Cabinet des Estampes de Dresde) pour l’un
des saints représentés, saint Christophe, dessin qui paraît daté de
cette même année (le dernier chiffre est en grande partie coupé) et
appartient au musée de Weimar; mais, si l'on donne cette date au
tableau de Torgau, et, par là, à la plupart des autres œuvres que
nous classons dans ce groupe, il devient bien difficile de constituer
une chronologie suffisante et acceptable. De plus, les quelques
tableaux datés de 1313 : le Christ à la colonne du musée de Dresde,
et les deux Saints du musée de Vienne — ces derniers n’ont pas été
envoyés à l’exposition, — prouvent bien, grâce à leurs analogies avec
ceux que nous nommons ci-dessus, la marche suivie par le dévelop-
pement artistique de Cranach. Nous pouvons y joindre le Portemen
de Croix du musée de Donaueschingen (14), dont la date de 1320
est apocryphe; la superbe Madone de la cathédrale de Breslau,
peut-être le chef-d’œuvre du maître (71); — le Saint Jérôme, du
musée d’Innsbruck (92), qui ne me paraît pas appartenir aux derniers
temps de l'artiste, comme le croit le catalogue, et quelques petits
tableaux exécutés avec la finesse d’un miniaturiste, tels que le Christ
en croix de M. Wesendonck, à Berlin (daté 1515); la Famille du faune,
de Donaueschingen (83); la Nativité de M. de Kaufmann, à Berlin
(90); la Sainte Famille, du musée de Magdebourg 97 ; Y Adam et Eve,
de Cobourg (107), et le Saint Georges, de Wœrlitz 117. Ces tableaux
forment la transition avec les peintures de 1516, qui révèlent déjà
le type très prononcé que Cranach affectionna et répéta jusqu’à la
fin de sa carrière. Et comme, à partir de ce terme, le nombre des
peintures datées augmente, nous n’avons plus tant besoin de nous
occuper des questions quelque peu arides de chronologie.
Un Mariage de sainte Catherine, appartenant, connue le triptyque
du même sujet, à la collection de Wœrlitz, est l’œuvre principale de
cette année 1516 où Cranach atteignit à la pleine maîtrise, mais à
partir de laquelle aussi scs tableaux commencent à moins nous inté-
resser, parce qu’ils ne sont plus empreints de la saveur et de la fraî-
cheur qui caractérisent les œuvres de jeunesse, où les tâtonnements
sont toujours compensés par la recherche du nouveau. Une troisième
réduction du même sujet, à Budapest, exécutée avec la même foi,
ne saurait guère s’éloigner de la même date.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
en fi il; les Six saints du même musée (137) ; Y Adam et Eve de
Brunswick (72), et la Sainte Trinité, du musée de Leipzig (133). Il
est vrai que la tradition assigne au tableau de Torgau, que nous
avons cité en premier lieu, la date de 1303; il existe aussi un dessin
(exposé pour le moment au Cabinet des Estampes de Dresde) pour l’un
des saints représentés, saint Christophe, dessin qui paraît daté de
cette même année (le dernier chiffre est en grande partie coupé) et
appartient au musée de Weimar; mais, si l'on donne cette date au
tableau de Torgau, et, par là, à la plupart des autres œuvres que
nous classons dans ce groupe, il devient bien difficile de constituer
une chronologie suffisante et acceptable. De plus, les quelques
tableaux datés de 1313 : le Christ à la colonne du musée de Dresde,
et les deux Saints du musée de Vienne — ces derniers n’ont pas été
envoyés à l’exposition, — prouvent bien, grâce à leurs analogies avec
ceux que nous nommons ci-dessus, la marche suivie par le dévelop-
pement artistique de Cranach. Nous pouvons y joindre le Portemen
de Croix du musée de Donaueschingen (14), dont la date de 1320
est apocryphe; la superbe Madone de la cathédrale de Breslau,
peut-être le chef-d’œuvre du maître (71); — le Saint Jérôme, du
musée d’Innsbruck (92), qui ne me paraît pas appartenir aux derniers
temps de l'artiste, comme le croit le catalogue, et quelques petits
tableaux exécutés avec la finesse d’un miniaturiste, tels que le Christ
en croix de M. Wesendonck, à Berlin (daté 1515); la Famille du faune,
de Donaueschingen (83); la Nativité de M. de Kaufmann, à Berlin
(90); la Sainte Famille, du musée de Magdebourg 97 ; Y Adam et Eve,
de Cobourg (107), et le Saint Georges, de Wœrlitz 117. Ces tableaux
forment la transition avec les peintures de 1516, qui révèlent déjà
le type très prononcé que Cranach affectionna et répéta jusqu’à la
fin de sa carrière. Et comme, à partir de ce terme, le nombre des
peintures datées augmente, nous n’avons plus tant besoin de nous
occuper des questions quelque peu arides de chronologie.
Un Mariage de sainte Catherine, appartenant, connue le triptyque
du même sujet, à la collection de Wœrlitz, est l’œuvre principale de
cette année 1516 où Cranach atteignit à la pleine maîtrise, mais à
partir de laquelle aussi scs tableaux commencent à moins nous inté-
resser, parce qu’ils ne sont plus empreints de la saveur et de la fraî-
cheur qui caractérisent les œuvres de jeunesse, où les tâtonnements
sont toujours compensés par la recherche du nouveau. Une troisième
réduction du même sujet, à Budapest, exécutée avec la même foi,
ne saurait guère s’éloigner de la même date.