ANTOINE YAN DYCK
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la coutume de van Dyck, une cuirasse, un livre 5 au fond, au-dessus
d’uue rampe portant la date 1626, la mer, où flotte une galère.
Œuvre imposante et belle d'ensemble, en dépit des réserves que
j’ai entendu formuler au sujet du millésime qu’on y relève. Elle
provient du palais Balbi.
La date du retour de van Dyck dans son pays natal est, jusqu’à
ce jour, l’objet de sérieuses controverses ; tandis que les uns le font
rentrer à Anvers en 1625, d’autres, au contraire, reculent son retour
de plusieurs années ; M. van der Branden n’a trouvé trace de sa
présence qu’en la date de 1628. Je ne chercherai pas à démêler ici cet
écheveau passablement embrouillé de faits non concordants. Quant
au portrait de Doria, sans pouvoir passer pour être un van Dyck de
première qualité, c’est un morceau de physionomie imposante, où la
robe de satin est supérieurement traitée. A moins que la date soit
fausse, il n’est pas de maître de l’école génoise à qui cette peinture
puisse être donnée en 1626.
Un souvenir singulièrement intéressant du voyage de van Dyck
en Italie a été envoyé à l’exposition par le duc de Devonshire. C’est
l’album dont le peintre se servit pendant une partie de son séjour
pour y recueillir une riche moisson de notes rapidement croquées
— toutes à la plume — devant les œuvres des maîtres et spéciale-
ment de Titien. M. Guiffrey, dans son livre, en a publié plusieurs du
même genre et, chose bizarre, le British Muséum possède des copies
de quantité de ces esquisses. L’album contient aussi quelques com-
positions personnelles, types saisis sur le vif, d’après nature, au
théâtre et dans la rue. Je relève, à la page 113 de ce précieux docu-
ment — après avoir appartenu au peintre Lely, il passa aux mains
de lord Dover et fut la propriété de notre distingué collaborateur
M. Herbert F. Cook, avant d’appartenir à son possesseur actuel, —
le portrait de Sofonisba, dont il a été maintes fois question.
Autour d’un croquis tracé rapidement, mais avec une surpre-
nante expression, d’après une vieille dame assise, van Dyck écrit
ces lignes : « Bittrato délia sigra Sofonisma pittricia fatto dal vivo
» in Palermo l’anno 1624 (le 4 fait comme un 9) le 12 di Iulio.
» L’eta di essa 96 havendo ancora la memoria et l’entenderle prontis-
» simo, cortesissima et si bene, por la veccesa la mancara la vista
» hebbe con tulto cio gusto de mettere gli quadri avanti ad essa
» e con gran stento mettendo il naso sopra il quadro venesse
» a discernare qualche poco et piglio gran piacere ancora in
» quel modo, faciendo il rittrato di ella me diede diversi adverti-
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la coutume de van Dyck, une cuirasse, un livre 5 au fond, au-dessus
d’uue rampe portant la date 1626, la mer, où flotte une galère.
Œuvre imposante et belle d'ensemble, en dépit des réserves que
j’ai entendu formuler au sujet du millésime qu’on y relève. Elle
provient du palais Balbi.
La date du retour de van Dyck dans son pays natal est, jusqu’à
ce jour, l’objet de sérieuses controverses ; tandis que les uns le font
rentrer à Anvers en 1625, d’autres, au contraire, reculent son retour
de plusieurs années ; M. van der Branden n’a trouvé trace de sa
présence qu’en la date de 1628. Je ne chercherai pas à démêler ici cet
écheveau passablement embrouillé de faits non concordants. Quant
au portrait de Doria, sans pouvoir passer pour être un van Dyck de
première qualité, c’est un morceau de physionomie imposante, où la
robe de satin est supérieurement traitée. A moins que la date soit
fausse, il n’est pas de maître de l’école génoise à qui cette peinture
puisse être donnée en 1626.
Un souvenir singulièrement intéressant du voyage de van Dyck
en Italie a été envoyé à l’exposition par le duc de Devonshire. C’est
l’album dont le peintre se servit pendant une partie de son séjour
pour y recueillir une riche moisson de notes rapidement croquées
— toutes à la plume — devant les œuvres des maîtres et spéciale-
ment de Titien. M. Guiffrey, dans son livre, en a publié plusieurs du
même genre et, chose bizarre, le British Muséum possède des copies
de quantité de ces esquisses. L’album contient aussi quelques com-
positions personnelles, types saisis sur le vif, d’après nature, au
théâtre et dans la rue. Je relève, à la page 113 de ce précieux docu-
ment — après avoir appartenu au peintre Lely, il passa aux mains
de lord Dover et fut la propriété de notre distingué collaborateur
M. Herbert F. Cook, avant d’appartenir à son possesseur actuel, —
le portrait de Sofonisba, dont il a été maintes fois question.
Autour d’un croquis tracé rapidement, mais avec une surpre-
nante expression, d’après une vieille dame assise, van Dyck écrit
ces lignes : « Bittrato délia sigra Sofonisma pittricia fatto dal vivo
» in Palermo l’anno 1624 (le 4 fait comme un 9) le 12 di Iulio.
» L’eta di essa 96 havendo ancora la memoria et l’entenderle prontis-
» simo, cortesissima et si bene, por la veccesa la mancara la vista
» hebbe con tulto cio gusto de mettere gli quadri avanti ad essa
» e con gran stento mettendo il naso sopra il quadro venesse
» a discernare qualche poco et piglio gran piacere ancora in
» quel modo, faciendo il rittrato di ella me diede diversi adverti-