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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 22.1899

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Nr. 3
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Bertaux, Émile: Autour de Donatello, 1: une nouvelle histoire de la sculpture florentine
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https://doi.org/10.11588/diglit.24686#0264

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250

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

défaut pour que nous puissions établir un rapport direct entre
quelques œuvres de Donatello ou de Jacopo délia Quercia et les
leçons d’un artiste dont nous ne connaissons ni le nom ni la manière.
La première condition, pour pouvoir tirer du rapprochement de
dates indiqué plus haut une conclusion quelconque, serait d’établir
que les sculpteurs de Cologne ont pratiqué le style des sculpteurs
qui ont travaillé à Dijon. Or, il n'existe, je crois, à Cologne même,
qu’un ensemble de sculptures qui remonte aux premières années du
xve siècle : c’est le portail de la cathédrale qui s’ouvre sous la tour
du Sud. 11 est composé comme les portails français de Strasbourg,
et couvert de statues et de figurines d’un style archaïque, dont
l’exécution, très calme et très sage, contraste nettement avec les
violences superbes de Claux Sluter f D’ailleurs, il suffira de lire le
texte même de Ghiberti pour comprendre que la manière âpre et
rude des artistes de Dijon n’a pu être connue en Italie par l’entre-
mise d’un maître dont le plus délicat et le plus gracieux des grands
sculpteurs florentins a parlé en ces termes : « Ses ouvrages, par leur
fini, rappelaient ceux des anciens sculpteurs grecs. Il excellait dans
les têtes et toutes les parties nues des corps... Il y avait une grâce
exquise dans ses œuvres. »

Ainsi, après avoir passé au crible toutes les hypothèses dont
M. Reymond appuie ses affirmations réitérées au sujet de l’influence
profonde que l’exemple des sculpteurs réunis en Bourgogne aurait
exercée, au début du xve siècle, sur l’école de sculpture qui allait en
Toscane se développer si magnifiquement, on est forcé de conclure
qu’une telle influence est possible, mais qu’elle n’est aucunement
établie en fait.

Dans les œuvres qui représentent la seconde manière de Jacopo 1

1. Un très important document que M. Stein vient de publier dans la Biblio-
thèque de ■l’École des Chartes (1899, p. 86 et suiv.) atteste que le père de Claux
Sluter, qui fut attaché à Bourges comme architecte au service du duc de Berry
et y mourut en 139b, était un Allemand de Mayence. Ceux qui ont voulu rattacher
l’œuvre de Claux Sluter à l’art flamand, parce qu’ils croyaient l’artiste originaire
des Flandres, se trouveraient contraints aujourd’hui de le rattacher à l’art
allemand. Mais, en fait, il n’y a pour l’historien qu’un intérêt de curiosité à
connaître la véritable patrie du grand sculpteur. Ce qui importerait, ce serait de
connaître les maîtres dont les leçons ou les exemples ont pu former, à la cour
de l’oncle de Charles VI, l’artiste extraordinaire qui a été le Donatello du Nord.
C’est dans l’école de Bourges, composée de Français du Nord et de Flamands, et
non dans les écoles du Rhin, qu’il faudra rechercher les origines de l’école de
Dijon.
 
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