Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 22.1899

DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:
Nolhac, Pierre de: Les bosquets de Versailles, 1
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24686#0281

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
266

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

avait varié, souvent même pour le simple caprice d’avoir assez vu.
C’est ainsi que les bosquets les plus célèbres ont changé de forme à
plusieurs reprises.

Les « Bosquets de Versailles », dont la plupart existent encore
et qui se trouvaient jadis fermés de ces grilles fleurdelysées que
montrent les anciennes estampes, étaient autrefois, comme aujour-
d’hui, parmi les beautés les plus appréciées des jardins. Ils avaient
été créés, après 1670 seulement, dans les taillis réguliers ménagés
par Le Nôtre, lors du percement symétrique du vieux parc de chasse
de Louis XIII. Cette création, à l’ornementation de laquelle les
artistes furent aussitôt conviés, avait suivi de près l’embellissement
des allées et des perspectives, l’installation des principaux bassins et
la décoration des grandes fontaines. Les premiers ouvrages avaient
naturellement précédé ceux des bosquets fermés, qui ne furent qu’un
perfectionnement de l’idée générale et ne paraissent pas sur les plus
anciens plans. Le premier bosquet installé fut le Labyrinthe, le der-
nier la Colonnade, terminée en 1686. Mais cette date est loin d’être
la date extrême de l’histoire des Bosquets. Lorsqu’il n’y a plus de
massifs disponibles pour en percer de nouveaux, Louis XIV n’hésite
pas à détruire ceux qui existent pour les remplacer par d’autres.
Après quelques années d’existence, on en démolit les treillages, on
en disperse les marbres et les plombs dorés, on y change la dispo-
sition des effets d’eau. La Palatine écrit qu’ « il n’y a pas d’endroit
à Versailles qui n’ait été modifié dix fois, et souvent il arrive
que c’est tant pis. » Et Saint-Simon dit des jardins, avec sa force
ordinaire d’expression : « Ce chef-d’œuvre ruineux, où les change-
ments des bassins et des fontaines ont enterré tant d’or qui ne peut
paraître1. »

Dans le récit des journées royales, que Dangeau fixe minutieu-
sement, il est sans cesse question des Bosquets, souvent nommés les
« fontaines renfermées » du Roi. Au cours de ses promenades à pied
ou en chariot, qui sont presque quotidiennes, Louis XIV va y voir
jouer les eaux ou les montrer à certains visiteurs de distinction,
auxquels il ne dédaigne pas de faire lui-même les honneurs de son
domaine.

Les tableaux de Cotelle, faits pour décorer la galerie de Trianon,

1. Jusque sous Louis XVI, la même habitude se poursuit, puisque le second
Bosquet des Bains d’Apollon qui avait, en 1705, remplacé le Bosquet du Marais,
est lui-même remplacé, en 1778, par le rocher d’Hubert Robert qui abrite au-
jourd’hui encore le groupe fameux d'Apollon servi par les nymphes.
 
Annotationen