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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 22.1899

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Müntz, Eugène: À travers la Souabe, 1: Stuttgart - Ulm - Blaubeuren - Sigmaringen; notes d'art et d'archéologie
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https://doi.org/10.11588/diglit.24686#0310

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294

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

les matériaux qui font défaut : belles briques, superbes pierres
de taille. Pour comble, les statues qui se dressent sur les places
publiques frisent la caricature. Seul, le musée industriel, le
« Gewerbe Muséum », construit récemment dans le style classique,
offre des lignes plus souples, mais manque de parti pris, surtout
dans le soubassement.

Regardons plutôt en arrière : si les constructions du temps jadis
ne brillent point à Stuttgart par la légèreté, elles ont du moins pour
elles du naturel, de la conviction, de l’assiette, parfois du pitto-
resque. A signaler, à l’angle d’une maison du « ldirschgraben » (n° 9),
une statue de saint Christophe, de style gothique, très fouillée,
quoiqu’elle date peut-être déjà du commencement du xvie siècle.

Dans la vieille ville, des rues entières, étroites, tortueuses,
comme à Venise, profilent sur le ciel leurs pignons triangulaires.
Je leur voudrais seulement plus d’accent. Les étages en saillie
n’avancent pas assez les uns sur les autres (voyez, entre autres, la
maison de la place du Marché) ; les rares bretèches ou tourelles
d’angle manquent de hardiesse; partout aussi le crépi ou le badi-
geon affecte cette couleur d’un gris verdâtre, jadis stigmatisée par
Molière dans le latin macaronique du Malade imaginaire.

La place principale, celle du Marché, a, somme toute, un certain
cachet, dû principalement aux pignons de ses vieilles maisons. Je
signalerai également, de-ci, de-là_, des girouettes amusantes, un singe
assis tenant un verre, ou d’élégantes enseignes (« Gasthaus zum
Ritter »), quoique en général les Souabes se montrent plus avares
d'inscriptions ou d’armoiries que les Franconiens. Sur cette même
place se dresse l’hôtel de ville, qui n’a d’ancien que le fond même,
je devrais dire les quatre murs, et qui est défiguré par un horrible
portail dorique agrémenté d’un balcon ! La fausse accolade de la
façade est une réminiscence —- funeste — de Leone-Battista Alberti,
qui, le premier, a mis en œuvre ce malencontreux ornement sur la
façade de l’église de Sainte-Marie-Nouvelle, à Florence, et, par son
exemple, suscité d'innombrables victimes.

Le château même de Stuttgart, reconstruit à partir de 1553 par
le duc Christophe, n’est autre chose que le triomphe de la lourdeur ;
je le déclare bien haut, à l’encontre de Lübke, qui le range parmi
les créations transcendantes de la Renaissance allemande L Seule, la
cour principale, avec ses trois rangées d’arcades et ses galeries à jour,
d'un modèle absolument indépendant, ne manque pas d’une certaine

i. Geschichte der Renaissance in Deutschland; 2e éd., 1882, t. T, p. 361 et suiv.
 
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