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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 22.1899

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Nr. 4
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Gauthiez, Pierre: Notes sur Bernadino Luini, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24686#0327

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GAZETTE UES BEAUX-ARTS

cmane du visage, des attitudes que prennent les époux, dans le Saint
Joseph choisi comme époux de Marie (n° 19)1, et la nature la plus
franche n'est jamais sacrifiée; ce curé, que l’on voit à droite, en
amict et en aube, son type est celui du pays ; il s’y conserve, aussi bien
que le caractère des visages féminins cher à Luini ; nous le dessinions
ce matin, ce curé., sur un coin de Guide, tandis que la procession du
dimanche se déroulait à travers le Duomo. Et, dans la Vierge Marie
et saint Joseph revenant du mariage, toute convention est rompue ;
songez au Sposalizio du Pérugin, si vulgaire et si compassé2; avec
son grand-prêtre lourdement arqué sur ses jambes, sa Vierge gauche,
ce saint Joseph créé pour faire un modèle de dessin ; allez revoir un
peu plus loin, dans ce même musée où nous sommes3, le Sposalizio
de Raphaël, peint en 1504, pour l’église de Saint-François, à Città
di Castelloet conservé ici depuis 1798 : ce Sposalizio glacial, où la
distinction convenue a su rajeunir la formule alourdie par le
Pérugin, mais où tout le monde est en scène, où pas une expres-
sion n’est vraie, pas un geste naturel, si bien que les pieds effrayants
des personnages sont peut-être la seule chose véridique de ce chef-
d’œuvre ; peinture glissante, émaillée comme une plaque, et
dont la qualité se juge par un seul fait : elle se laisse reproduire
avec une absolue perfection par l’imprimerie en couleurs ! Main-
tenant, regardez la scène imaginée par Luini; là-bas, tout à l’heure,
un curé milanais remplaçait le grand-prêtre; ici, deux amants,,
deux époux, vraiment enveloppés d'amour et de joie, passent
devant vous, au lieu des figurants chers à l’école. Ils s’aiment et
ils se le disent par des regards divins, de caresse et de confiance ; ils
se tiennent la main : la Vierge a posé ses doigts magnifiques dans
l’étreinte nerveuse de son époux; sa belle main blonde, l’attache
souple de son col, et, sous l’aile des cheveux blonds, la chair dorée
des joues, s’encadrent dans des draperies moelleuses; la volupté de
l’amour chaste, absolu,, rayonne en cette œuvre.

Et ce peintre n’a point borné son pouvoir à peindre la grâce et
l’amour. Si, dans la Présentation de Marie au Temple, la Vierge fait
un mouvement d'une pudeur et d’une révérence exquise, le grand-
prêtre a l’air auguste et majestueux, autant et plus que pas une
figure sacerdotale peinte par l’emphase d'un maître convention-

1. N° 19, vestibule B, p. 13 du catalogue de Brera.

2. Musée de Caen.

3. A Brera, salle V, n° 270, p. 89 du calalogue, Voir Müntz. Raphaël, ch. IV,
p. 110 etsuiv.
 
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