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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 22.1899

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Nr. 5
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Müntz, Eugène: À travers la Souabe, 2: Stuttgart - Ulm - Blaubeuren - Sigmaringen; notes d'art et d'archéologie
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https://doi.org/10.11588/diglit.24686#0399

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

aurions affaire à quelque production d’atelier. Je n’y contredis pas.

Syrlin le fils, à supposer qu'il ait existé, est un artiste du der-
nier ordre. La chaire de la cathédrale d’Ulm, avec ses trois figures
(Aaron, etc.) aux draperies lourdes plutôt encore qu’amples, le
montre de tout point inférieur à son père : c’est le sort des fils qui
portent le fardeau d’un nom célèbre. Dans la pittoresque petite ville
de Geislingen, « au pic couronné fièrement par une belle tour »
(Michelet), les stalles de l’église paroissiale, signées : Jorg Sürlin zu
Ulm 1512, méritent les mêmes reproches. Elles sont infiniment
moins riches que celles du dôme d’Ulm ; on n’y voit ni bas-reliefs,
ni miséricordes sculptées, ni bustes dans des baldaquins ajourés.
Mais que sera-ce si on les examine au point de vue du style? Le
douze Prophètes (Zacharie, Ezéchiel, etc.), qui ornent les deux
rangées inférieures, ne rappellent leurs prototypes d’Ulm que pour
provoquer un parallèle écrasant. Rien de plus rond, de plus lourd,
de plus faible, que ces têtes bizarres où l’étrangeté tient lieu de
caractère ; l’extravagance des coiffures les rend plus ridicules encore L

Sous l’influence de Syrlin le vieux ont en outre pris naissance
les stalles de Memmingen (1501 ; on y voit douze Sibylles) et de
Vienne. Les stalles de l’église de Hcrrenbcrg, terminées en 1517
par lienrich Schickard de Sigen,, rappellent aussi celles de Syrlin.

Le maître de Weingarton, qui sculpta, de 1461 à 1469, le
tabernacle en pierre de la cathédrale, a droit (après Syrlin s’entend)
à toute notre estime. Il a fouillé comme une châsse ce monument,
qui ne mesure pas moins de 29 mètres de haut. Sur la rampe de
l’escalier se développent des chiens, des crocodiles, des lions, aussi
bien observés que rendus, d’un faire très souple et très libre ; cou-
chés sur le ventre et en quelque sorte ramassés sur eux-mêmes, ils 1

1. Désirant ne pas revenir sur mes pas, je signalerai encore, clans l’église de
Geislingen, le maître-autel, orné de statues en bois de la Vierge et de six saints,
bon travail courant du xvie siècle ; quelques tombeaux Renaissance, en pierre
polychrome, avec des armoiries et des festons (l’un porte la date 1564) ; d’autres
flanqués de donateurs, d’une facture mesquine ; une jolie chaire en bois avec
découpages, datée de 1652, pour ne point parler de quelques tableautins.

Un mot encore sur cette petite ville. Il y a quelque trente ans, je constatais
l’excellente initiative prise par la « Centralstelle » de Stuttgard qui, en défrayant
des meilleurs modèles l’industrie de la sculpture en os, élablie depuis un siècle
et demi dans le canton de Geislingen, était parvenue à la relever et à substituer
l'ivoire à l’os. Aujourd’hui, par suite du brusque changement du goût et de l’in-
vasion de l’anglomanie, tout est remis en question.
 
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