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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 22.1899

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Nr. 5
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Bertaux, Émile: Autour de Donatello, 2: une nouvelle histoire de la sculpture florentine
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https://doi.org/10.11588/diglit.24686#0432

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

formes de corps nerveux et Tiers, dans leur beauté à peine voilée.

Ces études d’après l’antique ou le modèle vivant, que l’artiste a
campées au milieu des scènes religieuses, deviennent parfois aussi
étrangères au drame sacré qui se passe auprès d’elles que peu-
vent i être les palmettes d’une frise ou les volutes d’un chapiteau.
Sur les ambons de San Lorenzo, des figures viriles se détachent des
bas-reliefs et viennent se planter debout devant les pilastres qui
séparent les tableaux. La créature humaine, dans de tels exemples,
n’est plus pour l’artiste qu’une vaine arabesque qui fait corps avec
l’architecture. Tandis que Ghiberti et Lucca délia Robbia emprun-
taient leur décoration à la flore de leur pays, et reprenaient en Italie
la tentative la plus féconde des sculpteurs français du xm° siècle,
Donatello dédaigne le décor végétal : il compose ses ornements avec
des détails de sculpture romaine et avec des figurines drapées ou
nues ; en même temps qu’il emprunte à Michelozzo le décor antique,
il crée, un siècle avant Michel-Ange fl la nouveauté la plus contraire
à l’esprit même de l’art du moyen âge, ce que l’on peut appeler
le « décor humain ».

Les figures dont Donatello a disposé les groupes et les chœurs
pour former ces combinaisons de lignes souples et sinueuses que
Ghiberti obtenait en déployant des guirlandes, sont, il est vrai,
pour la plupart, des enfants ailés. Et l’on pourrait croire tout d’abord
que le sculpteur florentin n’a pas été beaucoup plus téméraire que
les imagiers qui ont traité les figures d’anges comme de purs
motifs de décoration,, comme des fleurs célestes. L’art du xv° siècle,
au moment où il semble se détacher de la tradition, renverse la
proportion que les sculpteurs des cathédrales avaient maintenue
entre la représentation des hommes et celle des anges. Les êtres
juvéniles, qui n’ont d’autre rôle que de rayonner de grâce et de joie,
se multiplient déjà sur les reliefs de Ghiberti et de Lucca délia Robbia.
Ils se groupent parfois pour former à eux seuls toute une grande
œuvre d’art destinée à l’ornement d’une église.

Au commencement du xive siècle, le sculpteur pisan qui a 1

1. Il faut rappeler les lignes éloquentes que M. Klaczko consacre à la voûte
de la Sixtine : « Ce qui, dans l’immense composition, devait frapper dès l’abord,
j’imagine, les premiers visiteurs, c’était l’emploi qui y était fait de la figure
humaine pour des fins aussi multiples que disparales. Ce monde de Michel-Ange
ne connaissait qu’un seul règne, celui de l’homme, à l’exclusion de tous les
autres règnes de la nature» ; et loute tapage qui suit (Rome et la Renaissance.
Revue des Deux Mondes, 1896, t. VI, p. 763)
 
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