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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 22.1899

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Nr. 5
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Saunier, Charles: Les conquêtes artistiques de la Révolution et de l'Empire et les reprises des alliés en 1815, 6
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https://doi.org/10.11588/diglit.24686#0460

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CONQUÊTES ARTISTIQUES DE UA RÉVOUUTION ET DE U’EMPIRE 437

échelles, des moufles et des ouvriers aux commissaires pour opérer leur enlèvement,
informé que cette opération se faisait contre les intentions de Sa Majesté, a envoyé
reprendre ses outils et a défendu à ses ouvriers de travailler.

Agréez, etc.

Denon 1.

Et le 21 septembre 1815, il doit ajouter qu’un « des commissaires belges vient
de dire à l'un des gardiens du Musée qu’un étranger lui avait proposé de com-
prendre dans les tableaux qu'il fait enlever un tableau qu’il lui a désigné, lui
promettant une somme de 10.000 francs aussitôt après sa sortie de l’établisse-
ment2 ».

Les vols qu’il craignait, dont il était prévenu, ont enfin lieu le 28 septem-
bre 1815. Il est obligé d’écrire au préfet de police pour lui signaler la disparition
de trois tableaux, savoir :

N° 428. — François Miéris : VArtiste jouant de la guitare.

N° 654. — Téniers : La Danse au son d'une cornemuse.

N° 427. — Michau : Paysan tuant un cochon.

Ces tableaux furent retrouvés.

Ce que désire, ce que veut Denon, c’est le silence, l’oubli pour son cher
musée. Seul à seul avec l’ennemi, peut-être pourra-t-il opérer quelque sauvetage,
réussir à faire oublier tel ou tel objet.

La lettre du 22 septembre, où il relate à son supérieur, le comte de Pradel,
ses démêlés avec le lieutenant-colonel Pfluel, précise sa tactique :

Monsieur le comte,

J’ai l’honneur de vous adresser copie d’une lettre que je viens de recevoir de la part
de M. le comte Pfluel. Je joins aussi copie de la réponse que j’ai faite et qu’on me deman-
dait de suite.

J’aurais pu lui faire observer que la première des inconvenances est qu’il existe une
Garde Prussienne à la porte du Musée, Établissement qui fait partie du Palais du Roi.

Lorsqu’on n’a pas tenu compte des justes et décentes réclamations que vous avez
faites, Monsieur le comte, j’ai auguré que cette garde, qui n’avait pour consigne que d'em-
pêcher la sortie des objets d’art, annonçait le projet qu’ont les Alliés de détruire le Musée
et la crainte qu'il en fut soustrait quelque objet.

Les articles que l’on met dans les journaux, malgré mes récriminations, sont d’autres
indices de destruction. J’avais obtenu du ministre de la police que l’on ne parlerait ni
en bien ni en mal du Musée dans les journaux. Le ministre n’a pu apparemment tenir
sa promesse, et, dans le Journal de Paris, il y avait encore, hier, que le pape faisait pré-
sent au prince régent de la statue de l’Apollon.

Peut-être les choses sont-elles si avancées maintenant qu'une pareille défense devient
inutile, et le mal est si grand qu’il vaut autant exciter l’indignation sur ceux qui com-
mettent de pareilles actions avec violence et outrage.

Je n'ai plus d’ordres de police à donner au Musée; je n’exerce plus qu’une espèce de
Douane que j’ai établie à la sortie des tableaux enlevés de force par les commissaires de
la Belgique et de la Hollande.

22 septembre 1815.

Denon 3.

L’accusation portée contre Wellington eut assez de force pour émouvoir
celui-ci. Il crut même nécessaire de répondre, dans une longue lettre adressée à

1. Archives Nationales, 0'^ 1429.

2. Archives Nationales, 0'* 1429.

3. Archives Nationales, 0'! 1429.
 
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