CLAUDE H OIN
451
Mon oncle l'abbé vous a sûrement communiqué où en est mon affair de
Monsieur? et l’honeur qu’il vient de me faire ; je l'en avais pryé. Mon cher
mètre, ce sont autent de loriés qui vous ceignent le front; leurs tiges sont
dans vos sages avis ; mon cœur ne les oublieras jamais. Mon amitié, ma
reconnaissance et mon zèle au travail pour y en ajouter d’autres, si je le
puis, vous en sont autent de garents. Si à toutes ces choses mon cœur
pouvoit y joindre quelque vœux, il le ferait en cette sirconstence, mais vous
ne pouvez douter de tout ce que vous lui faites éprouver. Les votre lui sont
aussi connus : en être toujour digne est donc la seule chause qu’il souhaite.
Ainsi, mon cher camarade, pour vous comme pour tout ce qui vous
intéresse, mon cœur ne peut rien vous adresser de nouveau. L'ami Moricau
(car c’est insi que nous l’appelions) pence de même et me charge de vous le
témoigner.
Pour Naigeon, je n’en entens pas plus parlé que s’il n’existait pas ; je
l’ai vu chez lui peu de jour après son arrivée ; il revint avec moi chez moi.
Je suis allés plusieurs fois chez lui, seul et d’autre fois avec Moricau. Je ne
l’ai ni trouvé ni revu. Il revient de Rome et je ne suis qu'un barbouilleur de
genre. Ça n’est pas surprenent.
Vous trouverés si joint une lettre du décisif Baillot. Je le saboule quel-
quefois lorce qu'il ce lesse aller prest de moi sur le conte des grands
hommes ; je finis toujour par lui dire qu’il ne faut s’attacher qu’aux beautés
des tableaux et n’y voir les deffauts que pour ne pas les faire, si jamais on
ce trouve dans le même cas. Cette vérité ne le persuade pas. J’en suis fâché
pour lui, d’autant mieux qu’il doit penser légèrement sur ce qu’il devrait
admirer puisque son but n’est pas de s’apesentir sur les imperfection. La
dernière fois qu’il vint, il regardait chez moi une copie que je viens de fair
aprèst une superbe tête de Greuze. En voilà une idée du mouvement. (En
marge se trouve un petit croquis au crayon avec remarques B et A.) Ce tableau
est à juste raison considérés comme un des plus beaux de ce maître. Je ne
connais que sa Petite fille au chien (quoique d’une manière toute opposée)
qui puisse aller de per avec lui. MM. Fragonar, Robert et Machy sont du
même avis. Eh bien, au lieu d’admirer onde chercher à décomposer ce qui
fait la sublimité de cet ouvrage, il y critique un effet de fichu, qui n’est pas,
il est vrai, heureux. En voissi la raison. Il représente un fichu desoye rouge
tramé de blanc de sorte que la partie A et la partie B ce trouvent recevoir
la même lumière par l’avence que ce qui est dessous leurs donne, ils pro-
duisent le même ton, ce qui met un équivoque dans l’efet avec les autres
lumières, ce qui empêche l’effet de ce côté. Voilà ce qui le fixe quand il voit
des tableaux et sur quoi il se récrie. Je ne sçai si c’est bien voir que de
voir comme cela? Ce sont des défauts d’atelier qu’on gagne à frécanter les
jeunes gens, mais tel est sa bonne volonté. De mauvaises charges et de
mauvais tableaux, je crois, est tout ce qu’il fait. J’aurais été charmé de lui
être hutile puisqu’il est votre élève, c’est un tribut que nous vous devons
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Mon oncle l'abbé vous a sûrement communiqué où en est mon affair de
Monsieur? et l’honeur qu’il vient de me faire ; je l'en avais pryé. Mon cher
mètre, ce sont autent de loriés qui vous ceignent le front; leurs tiges sont
dans vos sages avis ; mon cœur ne les oublieras jamais. Mon amitié, ma
reconnaissance et mon zèle au travail pour y en ajouter d’autres, si je le
puis, vous en sont autent de garents. Si à toutes ces choses mon cœur
pouvoit y joindre quelque vœux, il le ferait en cette sirconstence, mais vous
ne pouvez douter de tout ce que vous lui faites éprouver. Les votre lui sont
aussi connus : en être toujour digne est donc la seule chause qu’il souhaite.
Ainsi, mon cher camarade, pour vous comme pour tout ce qui vous
intéresse, mon cœur ne peut rien vous adresser de nouveau. L'ami Moricau
(car c’est insi que nous l’appelions) pence de même et me charge de vous le
témoigner.
Pour Naigeon, je n’en entens pas plus parlé que s’il n’existait pas ; je
l’ai vu chez lui peu de jour après son arrivée ; il revint avec moi chez moi.
Je suis allés plusieurs fois chez lui, seul et d’autre fois avec Moricau. Je ne
l’ai ni trouvé ni revu. Il revient de Rome et je ne suis qu'un barbouilleur de
genre. Ça n’est pas surprenent.
Vous trouverés si joint une lettre du décisif Baillot. Je le saboule quel-
quefois lorce qu'il ce lesse aller prest de moi sur le conte des grands
hommes ; je finis toujour par lui dire qu’il ne faut s’attacher qu’aux beautés
des tableaux et n’y voir les deffauts que pour ne pas les faire, si jamais on
ce trouve dans le même cas. Cette vérité ne le persuade pas. J’en suis fâché
pour lui, d’autant mieux qu’il doit penser légèrement sur ce qu’il devrait
admirer puisque son but n’est pas de s’apesentir sur les imperfection. La
dernière fois qu’il vint, il regardait chez moi une copie que je viens de fair
aprèst une superbe tête de Greuze. En voilà une idée du mouvement. (En
marge se trouve un petit croquis au crayon avec remarques B et A.) Ce tableau
est à juste raison considérés comme un des plus beaux de ce maître. Je ne
connais que sa Petite fille au chien (quoique d’une manière toute opposée)
qui puisse aller de per avec lui. MM. Fragonar, Robert et Machy sont du
même avis. Eh bien, au lieu d’admirer onde chercher à décomposer ce qui
fait la sublimité de cet ouvrage, il y critique un effet de fichu, qui n’est pas,
il est vrai, heureux. En voissi la raison. Il représente un fichu desoye rouge
tramé de blanc de sorte que la partie A et la partie B ce trouvent recevoir
la même lumière par l’avence que ce qui est dessous leurs donne, ils pro-
duisent le même ton, ce qui met un équivoque dans l’efet avec les autres
lumières, ce qui empêche l’effet de ce côté. Voilà ce qui le fixe quand il voit
des tableaux et sur quoi il se récrie. Je ne sçai si c’est bien voir que de
voir comme cela? Ce sont des défauts d’atelier qu’on gagne à frécanter les
jeunes gens, mais tel est sa bonne volonté. De mauvaises charges et de
mauvais tableaux, je crois, est tout ce qu’il fait. J’aurais été charmé de lui
être hutile puisqu’il est votre élève, c’est un tribut que nous vous devons