DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:Migeon, Gaston: Les cuivres arabes, 1, Le vase Barberini au Louvre
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.24686#0497
LES CUIVRES ARABES
473
Schogia, fils de H an far, natif de Mossoul, dans le mois de Bien béni,
le mois de regeb, l’an six cent vingt-neuf » (1232), il rendit à l'ar-
chéologie orientale un service signalé. Avant lui c’était, la nuit, et
voici que sur ce premier monument scientifiquement étudié il
rencontrait réunies les indications les plus précieuses qui puissent
servir à l'histoire de cette industrie. Il trouvait d'un seul coup un
lieu de fabrication, un nom d’artiste, une origine, et une date. Ce
monument, capital pour l’histoire qui nous occupe est aujourd’hui
possédé par le British Muséum, où il forme une des têtes de la
série orientale.
C’est une aiguière, de forme un peu basse, dont la panse à pans
coupés est faite de zones décorées d’inscriptions et de personnages.
L’invention, dans toutes ces scènes de plaisir, de musique, de chasse,
est surprenante, et l’habileté technique de l’artiste qui couvrit
d’incrustations d’argent cet objet admirable n’a jamais été dépassée.
Il est inutile de décrire toute la série de ces médaillons, où revi-
vent d’une façon si curieuse les mœurs de l’Islam au xuic siècle. Cette
description existe, au milieu d'un verbiage extraordinaire, dans le
livre de Reinaud, et bien plus concise dans le précieux petit livre
de M. Stanley Lane Poole 1 ; mais ni l'un ni l’autre, pour des raisons
que je ne parviens pas à comprendre, n’avaient reproduit ce chef-
d’œuvre, dont la Gazette peut aujourd’hui présenter à ses lecteurs
une excellente reproduction.
L’aiguière Blacas est le type des cuivres de Mossoul, tels qu’ils
vont maintenant nous apparaître, de plus en plus nombreux, vers
le milieu du xme siècle; la pièce se couvre d’une parure de plus en
plus riche d’argent; les scènes de la vie y sont pressées; les figures
y ont cè caractère trapu et vigoureux très particulier; les fonds y
apparaissent couverts de cette décoration de fers à T qui jusqu’ici
n’avait paru que dans de petits médaillons, où elle était générale-
ment incrustée d’or.
Deux autres objets datés sont tout à fait analogues, comme
détails, à l’aiguière Blacas. L’un, qui se trouve aussi au British
Muséum, provenant de la collection Henderson, est une boîte cylin-
drique, qui porte une inscription votive à Bedr ed din Lulu, prince
de Mossoul, qui y régna entre 1233 et 1259. L’autre est une écritoiro
décorée de larges entrelacs d’argent, entrecoupés de petits médaillons
de fers à T et de figures assises. A l’intérieur du couvercle se lit une
très belle inscription métrique : « Fait par Aboul Qasim, füs de
i. Saraccnic art, p. 204.
XXII .
3' PÉRIODE
60
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Schogia, fils de H an far, natif de Mossoul, dans le mois de Bien béni,
le mois de regeb, l’an six cent vingt-neuf » (1232), il rendit à l'ar-
chéologie orientale un service signalé. Avant lui c’était, la nuit, et
voici que sur ce premier monument scientifiquement étudié il
rencontrait réunies les indications les plus précieuses qui puissent
servir à l'histoire de cette industrie. Il trouvait d'un seul coup un
lieu de fabrication, un nom d’artiste, une origine, et une date. Ce
monument, capital pour l’histoire qui nous occupe est aujourd’hui
possédé par le British Muséum, où il forme une des têtes de la
série orientale.
C’est une aiguière, de forme un peu basse, dont la panse à pans
coupés est faite de zones décorées d’inscriptions et de personnages.
L’invention, dans toutes ces scènes de plaisir, de musique, de chasse,
est surprenante, et l’habileté technique de l’artiste qui couvrit
d’incrustations d’argent cet objet admirable n’a jamais été dépassée.
Il est inutile de décrire toute la série de ces médaillons, où revi-
vent d’une façon si curieuse les mœurs de l’Islam au xuic siècle. Cette
description existe, au milieu d'un verbiage extraordinaire, dans le
livre de Reinaud, et bien plus concise dans le précieux petit livre
de M. Stanley Lane Poole 1 ; mais ni l'un ni l’autre, pour des raisons
que je ne parviens pas à comprendre, n’avaient reproduit ce chef-
d’œuvre, dont la Gazette peut aujourd’hui présenter à ses lecteurs
une excellente reproduction.
L’aiguière Blacas est le type des cuivres de Mossoul, tels qu’ils
vont maintenant nous apparaître, de plus en plus nombreux, vers
le milieu du xme siècle; la pièce se couvre d’une parure de plus en
plus riche d’argent; les scènes de la vie y sont pressées; les figures
y ont cè caractère trapu et vigoureux très particulier; les fonds y
apparaissent couverts de cette décoration de fers à T qui jusqu’ici
n’avait paru que dans de petits médaillons, où elle était générale-
ment incrustée d’or.
Deux autres objets datés sont tout à fait analogues, comme
détails, à l’aiguière Blacas. L’un, qui se trouve aussi au British
Muséum, provenant de la collection Henderson, est une boîte cylin-
drique, qui porte une inscription votive à Bedr ed din Lulu, prince
de Mossoul, qui y régna entre 1233 et 1259. L’autre est une écritoiro
décorée de larges entrelacs d’argent, entrecoupés de petits médaillons
de fers à T et de figures assises. A l’intérieur du couvercle se lit une
très belle inscription métrique : « Fait par Aboul Qasim, füs de
i. Saraccnic art, p. 204.
XXII .
3' PÉRIODE
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