GUSTAVE MOREAU
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Aussi la figure du Christ n’a-t-elle subi, entre les mains de
Gustave Moreau, nulle altération. Cette constatation ne laisse pas
que d’être curieuse, en un temps où des libertés bien grandes sont
prises avec l’image du Messie, et par des peintres qui n’y semblent
guère autorisés.
Il est à remarquer, au surplus, que Gustave Moreau s’en est
tenu aux scènes dramatiques qui
se déroulent sur le Calvaire ; il
s'est écarté, par quelque retenue
difficile à apprécier, des scènes
familières où s’épanchaient, en
d’humains abandons, les maîtres
d’autrefois. Une Vierge avec l'En-
fant, très simple, fait exception,
alors qu’on se serait attendu à ce
que les attributs mystiques de
la Vierge l’eussent spécialement
attiré.
Le précieux petit panneau
représentant Le Christ descendu
au pied de la croix (musée du
Luxembourg, don Ch. Hayem),
une Déposition de croix, plus pe-
tite encore, deux Pietà, sont les
types parfaits de cette série et
brillent d’une rare beauté tech-
nique. Une déploration grandiose
sort de leur ordonnance roman-
tique, en même temps qu’un minu-
tieux travail y accumule, sur quel-
ques pouces de matière, des accents et des caresses d’une sûreté
magistrale.
Il convient d’en rapprocher quelques images de haute édifi-
cation, parmi lesquelles un Bon Samaritain voilé de recueillement
et d’austère tristesse, un Saint Sébastien assisté par un ange; le
corps nu du martyr a cette grâce châtiée où transparaissent des
souvenirs de l’école lombarde. On y joindra volontiers aussi tel
Saint Georges combattant le dragon, qui semble un radieux vitrail,
un Saint Martin divisant son manteau, etc. Deux Sainte Cécile sont
curieusement accompagnées d’angelots foisonnants.
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Aussi la figure du Christ n’a-t-elle subi, entre les mains de
Gustave Moreau, nulle altération. Cette constatation ne laisse pas
que d’être curieuse, en un temps où des libertés bien grandes sont
prises avec l’image du Messie, et par des peintres qui n’y semblent
guère autorisés.
Il est à remarquer, au surplus, que Gustave Moreau s’en est
tenu aux scènes dramatiques qui
se déroulent sur le Calvaire ; il
s'est écarté, par quelque retenue
difficile à apprécier, des scènes
familières où s’épanchaient, en
d’humains abandons, les maîtres
d’autrefois. Une Vierge avec l'En-
fant, très simple, fait exception,
alors qu’on se serait attendu à ce
que les attributs mystiques de
la Vierge l’eussent spécialement
attiré.
Le précieux petit panneau
représentant Le Christ descendu
au pied de la croix (musée du
Luxembourg, don Ch. Hayem),
une Déposition de croix, plus pe-
tite encore, deux Pietà, sont les
types parfaits de cette série et
brillent d’une rare beauté tech-
nique. Une déploration grandiose
sort de leur ordonnance roman-
tique, en même temps qu’un minu-
tieux travail y accumule, sur quel-
ques pouces de matière, des accents et des caresses d’une sûreté
magistrale.
Il convient d’en rapprocher quelques images de haute édifi-
cation, parmi lesquelles un Bon Samaritain voilé de recueillement
et d’austère tristesse, un Saint Sébastien assisté par un ange; le
corps nu du martyr a cette grâce châtiée où transparaissent des
souvenirs de l’école lombarde. On y joindra volontiers aussi tel
Saint Georges combattant le dragon, qui semble un radieux vitrail,
un Saint Martin divisant son manteau, etc. Deux Sainte Cécile sont
curieusement accompagnées d’angelots foisonnants.