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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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Nr. 1
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Reymond, Marcel: L' architecture des tombeaux des Médicis
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0027

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

attention suffisante, et qui vient d’être publié, pour la première fois
je crois, par M. Fritz Burger, dans une remarquable étude sur les
tombeaux des Médicis : Studien zu Michelangelo1.

Si nous n’avions pas le croquis du British Muséum, œuvre
incontestable de Michel-Ange, nous pourrions être portés à croire
que le dessin du Louvre ne nous fait connaître sa pensée que d’une
manière défigurée. Ce projet, sur certains points, est si particulier,
si différent de ce que font les artistes au début du xvie siècle, il est si
plein des excès, des audaces, qui caractérisent les époques posté-
rieures, que l’on pourrait supposer qu’il est, non un document ori-
ginal, mais une transposition, un remaniement fait par un artiste
du xvue siècle. Toutefois la comparaison des deux projets ne permet
sur ce point aucune hésitation : toutes les plus grandes hardiesses du
dessin du Louvre se retrouvent semblables, accrues même, dans celui
de Londres. On ne doit pas douter que le dessin du Louvre ne soit une
mise au net, avec quelques changements, du projet primitif, faite par
un élève même de Michel-Ange, sous ses yeux et sur ses indications.

Au cours de celte étude, je m’appuierai indifféremment sur Lun
ou l’autre de ces dessins, et, quand l’occasion s’en présentera, j’in-
diquerai les quelques différences qui existent entre eux et les raisons
de ces différences.

Avec quelle joie ne devons-nous pas étudier ces dessins, avec
quel intérêt en analyser les détails! Leur comparaison avec le
monument exécuté sera pour nous la plus instructive des leçons,
et, grâce à eux, nous verrons se révéler la pensée de Michel-Ange
dans toute sa grandeur, dans toute sa merveilleuse magie.

Au point de vue architectural, le projet des tombes des Médicis
est beaucoup plus beau que celui fait pour la tombe de Jules II, dont
l’architecture n’était pour ainsi dire qu’un support pour un amon-
cellement de statues. Entre l’une et l’autre de ces deux œuvres,
Michel-Ange a été chargé de la construction de la façade de San
Lorenzo, il s’est intéressé à la disposition des masses architectu-
rales, à l’effet des lignes, aux pilastres, aux niches, aux frontons, aux
corniches; il est devenu un véritable architecte. Il ne pense plus
que la figure humaine est la seule ressource de l’artiste, il met de
l’air dans son œuvre, la compose avec une plus juste mesure, et, à
vrai dire, dans le projet des tombes des Médicis, malgré l’abon-
dance des figures, l’architecture est prédominante.

U Strassburg, Ileitz, 1907 (v. Chronique des Arts du 18 mai 1907, p. 181).
 
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