Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:
Durand-Gréville, Émile: Notes sur les primitifs néerlandais de la National Gallery
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0068

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
60

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

l'Enfant, prêtée par M. G. Salting, exposée sans numéro, sous la
rubrique : « Attribué à Dierick Bouts. » Nous n’en trouvons aucune
mention dans le nouveau catalogue, parmi les ouvrages prêtés au
musée. A-t-elle été reprise? Nous en parlerons ici, en tout cas, car
c’est un document très important pour la reconstitution de l’œuvre
du maître. Toutes les particularités que nous avons signalées dans
la Vierge précédente s’y retrouvent. IL faut retirer du cartouche la
trop prudente mention : « Attribué à... ». Mais l’authenticité de cette
très belle peinture, bien conservée avec ses tons clairs primitifs, n’est
pas la seule chose qui nous intéresse en elle. Tout le monde connaît
aujourd’hui la très belle Vierge avec l'Enfant envoyée par M. Matthys,
sous le n° 28, à l’Exposition des Primitifs flamands de Bruges en 1902.
Cette Vierge était pour nous une vieille connaissance; nous l’avions
vue et admirée, il y a quelque vingt-cinq ans, chez son ancien pro-
priétaire, M. le Dr Meyer, de Bruges. M. Hymans, dans les anno-
tations de son Caret van Mander, l’avait attribuée à Thierry Bouts,
mais sans motiver son opinion. A cette époque lointaine, Bouts était
moins connu et moins apprécié qu’aujourd’hui. L’œuvre nous
semblait dépasser le niveau du maître de Louvain et mériter une
attribution plus haute. En 1902, à Bruges, tout le monde fut d’accord,
nous compris, pour l’attribuer à Rogier van der Weyden. Cette una-
nimité avait pour cause la très grande ressemblance qui existait
entre l’Enfant de cette Vierge et celui du tableau de l’Ermitage, Saint
Luc peignant la Vierge, dont l’attribution à Rogier ne faisait, en ce
moment-là, de doute pour personne, et dont, précisément, une
excellente copie, envoyée par M. le comte Wilczek, se trouvait dans
la même salle de l’Exposition.

Depuis lors, au cours de divers voyages, ayant eu l’occasion de
revoir la plupart des chefs-d’œuvre de Rogier et de Thierry Bouts,
nous avions remarqué que les yeux clignés, si caractéristiques, de
l'Enfant Jésus du tableau de l’Ermitage, ne se retrouvaient dans
aucun des ouvrages les plus authentiques de Rogier; et que, par le
type du visage de la mère, par l’exécution des cheveux, des drape-
ries, des étoffes brochées, des chairs surtout, particulièrement
souples et fondues, un certain nombre de Vierges à mi-corps, accep-
tées sans contestation comme étant de Thierry Bouts1, ressemblaient
prodigieusement à la Vierge du D1' Matthys. Il n’y manquait que les
yeux bridés de l’Enfant, si spéciaux, dont les paupières, au lieu de

1. C’est, par exempte, la Vierge avec l’Enfant du Musée Staedel de Francfort;
celle, beaucoup moins belle, du musée de Berlin; elc.
 
Annotationen