DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:Bertaux, Émile: Monuments et souvenirs des Borgia dans le Royaume de Valence, 1
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0101
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
en 1429 à l’évêché de Valence. Nommé cardinal en 1444, grâce à la
protection d’Alphonse V, roi d’Aragon et de Sicile, il devint pape
en 1455 et prit le nom de Çalixte III. Il fit de l’évêché dont il avait
été titulaire un archevêché, qu’il donna en 1458 à son neveu,
Rodrigo Borgia. Quand celui-ci, à son tour, ceignit la tiare en 1492
et prit le nom d’Alexandre VI, il céda sa mitre d’archevêque à son
fils César, âgé de dix-sept ans. Après avoir renoncé, en 1499, aux
dignités ecclésiastiques pour épouser une princesse de Navarre et
devenir duc en France, César eut pour successeurs sur son siège
archiépiscopal deux autres Borgia, les cardinaux Juan et Pedro.
C'est seulement en 1511 que les Borgia perdirent l’archevêché de
Valence, qu’ils tenaient depuis un demi-siècle comme une sei-
gneurie.
Il restait à la famille qui avait achevé son rôle magnifique et
sanglant dans l’histoire d’Italie un riche domaine dans la région
de Valence. C’était le duché de Gandta, que le cardinal Rodrigo
avait acheté le 3 décembre 1485, pour le donner à son fils aîné,
Pedro Luis, et qui resta dans sa descendance jusqu’en 1748.
Au commencement du xvie siècle, le duché de Gandia était gou-
verné par une femme deux fois veuve, Doua Maria Enriquez, cousine
de Ferdinand le Catholique. D’abord fiancée à Pedro Luis Borgia,
elle l’avait perdu avant le mariage et avait épousé Juan, le second
fils du cardinal Rodrigo.
Après la mort tragique et mystérieuse de son époux, la duchesse,
demeurée à Gandta, se partagea entre l’éducation de son fils Juan
et les pratiques religieuses. Elle termina sa vie dans le couvent de
Santa Clara, léguant aux siens l’exemple de la piété la plus austère.
Son petit-fils, Francisco de Borgia, fut un saint. Il fonda à Gandia
une Université de Jésuites, et entra lui-même dans la Compagnie.
En 1565, il fut nommé général, après la mort du Père Lainez,
successeur d’Ignace de Loyola.
Gandta est reliée à Valence par un tronçon de chemin de fer qui
s’embranche sur la ligne de Madrid àCarcagente, la ville des oranges.
Elle n’est séparée de Jâtiva que par une étroite chaîne de rochers,
la Sierra de /as Agajas.
La capitale de l’ancien duché des Borgia est située, comme
Valence, à quelques milles de la mer et communique par voie ferrée
avec un petit port. Elle s’élève, elle aussi, au milieu d’une plaine
verte que semble continuer jusqu’à l’horizon la plaine des eaux
bleues. La Haerta de Gandta, miniature de celle de Valence, n’est
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
en 1429 à l’évêché de Valence. Nommé cardinal en 1444, grâce à la
protection d’Alphonse V, roi d’Aragon et de Sicile, il devint pape
en 1455 et prit le nom de Çalixte III. Il fit de l’évêché dont il avait
été titulaire un archevêché, qu’il donna en 1458 à son neveu,
Rodrigo Borgia. Quand celui-ci, à son tour, ceignit la tiare en 1492
et prit le nom d’Alexandre VI, il céda sa mitre d’archevêque à son
fils César, âgé de dix-sept ans. Après avoir renoncé, en 1499, aux
dignités ecclésiastiques pour épouser une princesse de Navarre et
devenir duc en France, César eut pour successeurs sur son siège
archiépiscopal deux autres Borgia, les cardinaux Juan et Pedro.
C'est seulement en 1511 que les Borgia perdirent l’archevêché de
Valence, qu’ils tenaient depuis un demi-siècle comme une sei-
gneurie.
Il restait à la famille qui avait achevé son rôle magnifique et
sanglant dans l’histoire d’Italie un riche domaine dans la région
de Valence. C’était le duché de Gandta, que le cardinal Rodrigo
avait acheté le 3 décembre 1485, pour le donner à son fils aîné,
Pedro Luis, et qui resta dans sa descendance jusqu’en 1748.
Au commencement du xvie siècle, le duché de Gandia était gou-
verné par une femme deux fois veuve, Doua Maria Enriquez, cousine
de Ferdinand le Catholique. D’abord fiancée à Pedro Luis Borgia,
elle l’avait perdu avant le mariage et avait épousé Juan, le second
fils du cardinal Rodrigo.
Après la mort tragique et mystérieuse de son époux, la duchesse,
demeurée à Gandta, se partagea entre l’éducation de son fils Juan
et les pratiques religieuses. Elle termina sa vie dans le couvent de
Santa Clara, léguant aux siens l’exemple de la piété la plus austère.
Son petit-fils, Francisco de Borgia, fut un saint. Il fonda à Gandia
une Université de Jésuites, et entra lui-même dans la Compagnie.
En 1565, il fut nommé général, après la mort du Père Lainez,
successeur d’Ignace de Loyola.
Gandta est reliée à Valence par un tronçon de chemin de fer qui
s’embranche sur la ligne de Madrid àCarcagente, la ville des oranges.
Elle n’est séparée de Jâtiva que par une étroite chaîne de rochers,
la Sierra de /as Agajas.
La capitale de l’ancien duché des Borgia est située, comme
Valence, à quelques milles de la mer et communique par voie ferrée
avec un petit port. Elle s’élève, elle aussi, au milieu d’une plaine
verte que semble continuer jusqu’à l’horizon la plaine des eaux
bleues. La Haerta de Gandta, miniature de celle de Valence, n’est