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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
tunique qui tombe droite sur les pieds. Selon l’indication du ven-
deur, qui ne saurait être acceptée sans contrôle, cette Vierge pro-
viendrait de Souvigny, dans l’Ailier, qui devint auxve siècle le Saint-
Denis de la Maison de Bourbon, et où se trouvent encore les belles
statues funéraires de Louis II de Bourbon et de sa femme Anne
d’Auvergne, ainsi que celles de Charles Ier de Bourbon et d’Agnès
de Bourgogne. Cette attribution à un atelier de cette région, qui
confine à l’Auvergne, n’a rien d’impossible en soi, si l’on veut
bien comparer à cette Vierge une figure d’un chapiteau de l’église
de Mozat (Puy-de-Dôme)1, dans lequel une femme portant un vase
a ce même type un peu lourd et court, mais dépourvu d’âpreté et
empreint de douceur, qui caractérise la Vierge de M. Homberg.
Un objet d’orfèvrerie religieuse assez rare, et dont l’intérêt
archéologique est grand, viendra compléter bien utilement les
séries de la Galerie d’Apollon, qui ne possédait aucune pièce de ce
genre. C’est un chef-reliquaire en cuivre repoussé et doré représen-
tant une figure de femme, dont le crâne, coupé au-dessus du front,
s’ouvre à charnières de façon à y introduire les reliques; les cheveux
séparés sur le front entourent la figure de leurs tresses ondées. De
caractère assez hiératique, cette face s’éclaire, ce qui est rare, d’un
vague sourire. Ce très intéressant monument, qui appartient à la
même série, étudiée par M. E. Rupin2, que le chef de saint Ferréol de
l’église de Nexon (Haute-Vienne), ou que le buste de saint Marcel
(Indre), doit être rapproché d’un autre assez semblable portant une
inscription banale, aujourd’hui chez M. Albert Maignan3. Ils se
trouvaient, il y a quelques années réunis dans la collection de
M. Desmoltes, qui les avait acquis tous deux à la vente de la collec-
tion Bouvier, d’Amiens. M. J.-J. Marquet de Vasselot les a très judi-
cieusement rapprochés4 des masques de tombeaux limousins du xm°
et du xive siècle dont les grands monuments existants sont ceux de
la cathédrale de Burgos et de l’abbaye de Westminster. Les deux
beaux masques que nous ayons conservés de ce type sont au musée
1. P. Yitry et Brière, Documents de la sculpture française du Moyen âge. Paris,
Longuet, 1904, pl. x.
2. E. Rupin, L’Œuvre de Limoges, Paris, 1890, p. 450.
3. Voir G. Migeon (Les Arts, septembre 1900). Un chef identique se trouve
encore à l’égtise Saint-Martin de Brive, et M. Rupin a rappelé que les textes en
mentionnaient cinq au trésor de l’abbaye de Grandmont.
4. J.-J. Marquet de Vasselot (Fondation Piot; Monuments et Mémoires, t. IV,
2e fascicule).
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tunique qui tombe droite sur les pieds. Selon l’indication du ven-
deur, qui ne saurait être acceptée sans contrôle, cette Vierge pro-
viendrait de Souvigny, dans l’Ailier, qui devint auxve siècle le Saint-
Denis de la Maison de Bourbon, et où se trouvent encore les belles
statues funéraires de Louis II de Bourbon et de sa femme Anne
d’Auvergne, ainsi que celles de Charles Ier de Bourbon et d’Agnès
de Bourgogne. Cette attribution à un atelier de cette région, qui
confine à l’Auvergne, n’a rien d’impossible en soi, si l’on veut
bien comparer à cette Vierge une figure d’un chapiteau de l’église
de Mozat (Puy-de-Dôme)1, dans lequel une femme portant un vase
a ce même type un peu lourd et court, mais dépourvu d’âpreté et
empreint de douceur, qui caractérise la Vierge de M. Homberg.
Un objet d’orfèvrerie religieuse assez rare, et dont l’intérêt
archéologique est grand, viendra compléter bien utilement les
séries de la Galerie d’Apollon, qui ne possédait aucune pièce de ce
genre. C’est un chef-reliquaire en cuivre repoussé et doré représen-
tant une figure de femme, dont le crâne, coupé au-dessus du front,
s’ouvre à charnières de façon à y introduire les reliques; les cheveux
séparés sur le front entourent la figure de leurs tresses ondées. De
caractère assez hiératique, cette face s’éclaire, ce qui est rare, d’un
vague sourire. Ce très intéressant monument, qui appartient à la
même série, étudiée par M. E. Rupin2, que le chef de saint Ferréol de
l’église de Nexon (Haute-Vienne), ou que le buste de saint Marcel
(Indre), doit être rapproché d’un autre assez semblable portant une
inscription banale, aujourd’hui chez M. Albert Maignan3. Ils se
trouvaient, il y a quelques années réunis dans la collection de
M. Desmoltes, qui les avait acquis tous deux à la vente de la collec-
tion Bouvier, d’Amiens. M. J.-J. Marquet de Vasselot les a très judi-
cieusement rapprochés4 des masques de tombeaux limousins du xm°
et du xive siècle dont les grands monuments existants sont ceux de
la cathédrale de Burgos et de l’abbaye de Westminster. Les deux
beaux masques que nous ayons conservés de ce type sont au musée
1. P. Yitry et Brière, Documents de la sculpture française du Moyen âge. Paris,
Longuet, 1904, pl. x.
2. E. Rupin, L’Œuvre de Limoges, Paris, 1890, p. 450.
3. Voir G. Migeon (Les Arts, septembre 1900). Un chef identique se trouve
encore à l’égtise Saint-Martin de Brive, et M. Rupin a rappelé que les textes en
mentionnaient cinq au trésor de l’abbaye de Grandmont.
4. J.-J. Marquet de Vasselot (Fondation Piot; Monuments et Mémoires, t. IV,
2e fascicule).