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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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Nr. 2
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Tourneux, Maurice: Un dessin inédit de Watteau
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0156

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UN DESSIN INÉDIT DE WATTEAU

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figure en bonne place dans la salle voisine de celle de la donation
Adolphe de Rothschild.

Il y a cependant tout juste cinquante ans qu’il attendait une
pareille faveur, car il provient de la vente posthume des tableaux et
dessins laissés par Achille Devéria et dispersés les 7 et 8 avril 1858 ; il
y est ainsi décrit sous le n° 194 : « Etude de joueur de cornemuse,
dessin capital à la sanguine sur papier gris ; deux figures sur la
même feuille. » Le Louvre s’en rendit acquéreur pour 234 francs, mais
il ne jugea point à propos de s’en faire honneur, et c’est pourquoi
M. Ileiset ne l’a point décrit dans sa précieuse Notice de 1866-1869.
Rien plus, Edmond de Concourt, qui trouva cependant toutes faci-
lités près des conservateurs lorsqu’il rédigea un premier essai de
catalogue de Watteau (1875), ou lorsqu’il enrichit d’appendices la
réimpression de Y Art du xvuie siècle (1881), a passé sous silence ce
dessin, qui méritait bien cependant d’attirer son attention et que
l’expert Yignères qualifiait à bon droit de « capital ». Watteau desti-
nait-il ce personnage à quelque composition demeurée en projet, ou
n’a-t-il voulu noter que deux attitudes différentes sans songer à en
tirer parti? Eut-ce un professionnel qui les lui fournit, ou recourut-il
au bon vouloir d’un de ses familiers qui se laissaient docilement
coiffer d’une perruque à crins ébouriffés ou habiller d’une souque-
nille de vendeur d’orviétan? Depuis que M. Gaston Schéfer a présenté
ici même 1 les remarques que lui avait suggérées un examen attentif
du précieux exemplaire des Figures de différents caractères dont il a
la garde, le doute est toujours permis, et notre curiosité n’en est
devenue que plus exigeante; mais le joueur de cornemuse n’apparaît
pas une seule fois dans les trois cent cinquante Figures gravées aux
frais de M. de Jullienne, et ni dans l’exemplaire de l’Arsenal, pro-
venant de Mariette, ni dans les notes de YAbecedario il n’y est fait
allusion. Consolons-nous en pensant qu’il a trouvé dans Mrae J.-G. Ro-
main, déjà connue de nos lecteurs, la plus ingénieuse des inter-
prètes, et que la pointe dont elle a égratigné les hachures de l’ori-
ginal, comme la tonalité où elle s’est complu à se tenir, rappellent
les plus savoureuses eaux-fortes de Jules de Goncourt.

MAURICE TOURNEUX

1. Y. Gazette des Beaux-Arts, 1896, t. II, p. 177-189.
 
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