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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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Nr. 2
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Ciolkowski: Exposition d'art chrétien à Aix-la-Chapelle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0187

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

même un ciboire à pans hexagonaux, et qui appartient à la classe des objets litur-
giques destinés à enfermer les « réserves eucharistiques ». Elle porte les ini-
tiales l. R., qui sont celles du maître Jean von Reutlinger, et date du commence-
ment du xvie siècle.

Dans la même vitrine était exposée une petite pyxide heptagonale, destinée,
elle aussi, à porter le viatique aux agonisants. Six anges, les mains jointes, en
ornent les côtés, et le sommet se termine par une petite fleur cruciforme. Deux
reliquaires pour petites reliques prenaient place à ses côtés. Le plus petit date
de 1717 et contient un morceau de la Couronne d’épines dans un tube de verre;
l’autre date de 1628 et contient trois tubes de reliques; tous deux appartiennent
à l’église de Heinsberg.

Outre les reliquaires, les châsses, les pyxides et les ciboires, la section d’orfè-
vrerie comptait encore un nombre considérable d’ostensoirs ou « monstrances ».

Les plus anciens ne semblent pas remonter au delà du xvne siècle. L’un d’eux,
venu de l’église Saint-Foillan d’Aix-la-Chapelle, est l’œuvre d’un maître de cette
ville, Dietrich von Rodt, qui produisit surtout entre 1616 et 1630. Le pied porte
l’inscription: « Christina Bueter dono dcibat, 1518» et, à l’intérieur, un D et un R,
qui sont les initiales de l’orfèvre. C’est une belle pièce Renaissance; le décor en
est fin et ouvragé, l’aspect très élégant ; mais nous sommes déjà loin du senti-
ment et de l’inspiration des siècles précédents. Les trois pièces qui suivaient, et
que nous reproduisons, trois développements sur un même thème, sont du plus
pur style rococo.

L’art religieux atteint à ce moment une somptuosité qu’il ne dépassera pas.
Quoi que Ton pense de ce style si généralement décrié et dont le nom est devenu
synonyme de « mauvais goût », on ne peut s’empêcher de reconnaître qu’il attei-
gnit parfois, malgré son attitude théâtrale et surchargée, une très réelle beauté et
même quelque grandeur. Certes, nous sommes de plus en plus loin de la
robuste et géométrique simplicité de l’époque carolingienne, l'inspiration mys-
tique et la piété recueillie de l’art médiéval restent toujours inégalées, mais la
magnificence dont l’exercice du culte est revêtu à travers tout le xvme siècle
donne une haute idée de la foi généreuse et ample de cette époque.

*

* *

Outre l’orfèvrerie et la joaillerie, l’exposition contenait des sculptures sur
bois du plus haut intérêt, appartenant au musée Suermond d’Aix-la-Chapelle.

Un retable d’autel en bois polychromé, se rattachant à l’école flamande de la
fin du xvie siècle, représente les principales scènes de la vie de Jésus-Christ.
Un grand nombre de personnages prenant part aux divers épisodes et la finesse
des détails est extrême. L’élégance de la technique et des costumes n’altère
en rien la touchante piété qui les anime.

Les statues, par leur grande dimension et la largeur de leur technique, pré-
sentaient un vif intérêt. Il est peu d’œuvres d’art qui dégagent autant de charme
que la statue de la Vierge Marie en Vierge de miséricorde. Elle écarte son grand
manteau sous les plis duquel les petits fidèles se pressent à genoux. L’Enfant
Jésus l aide de son côté et tient un pan du manteau. Le visage de la Vierge est
plein de souriante miséricorde et son geste eyprime la bonté la plus accueil-
 
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