MONUMENTS ET SOUVENIRS DES BORGIA
201
emblèmes qui brillent sur les voûtes de l’Appartement Borgia,— les
deux couronnes qui dardent cinq rayons, — voltige, répété par deux
fois, au milieu des volutes que dessinent les lambrequins du casque.
Écusson, casque, lambrequins et emblèmes se trouvaient repro-
duits, avec une fantaisie de décorateur plus brillante, sur des
tablettes de bois placées au plafond de l’ancienne salle d’armes,
entre les maîtresses poutres. Des écus de bois peints aux mêmes
armes, et surmontés de la couronne ducale, étaient pendus aux murs
de cette salle, où le fils de saint François de Borgia pouvait armer
sur-le-champ soixante hommes d’armes et six cents arquebusiers, et
qui sert aujourd’hui de réfectoire aux Jésuites.
Les tablettes et les écus de bois qui n’étaient pas entièrement
vermoulus ont été transportés au petit musée archéologique formé
en 1892 dans une salle du premier étage. Le musée a recueilli encore
quelques azulejos de pavement, à décor bleu, qui sont de trois types
différents : les uns portent l’écusson Borgia-Doms sur une targe ita-
lienne en forme de crâne de cheval; aux angles de la plaque carrée,
la double couronne aux cinq rayons est quatre fois reproduite ;
d’autres portent cette couronne sans les armoiries; d’autres enfin,
un second emblème des Borgia : les cinq flammes1. Un écusson
différent de celui de Borgia est porté par les deux anges qui soutien-
nent la petite tribune de la chapelle du château, dédiée à saint
Michel : deux châteaux de Castille, au-dessus d’un lion. C'est le
blason des Enriquez, la famille apparentée au Roi Catholique, d’où
était sortie Doua Maria, qui fut successivement fiancée à D. Pedro
Luis, l’aîné des fils d’Alexandre VI, et mariée au second fils du
pape, D. Juan.
*
❖ ❖
Le monument de la duchesse veuve est l’église principale de
Gandta. Cette église avait été bâtie vers la fin du xivc siècle. Avec
sa nef unique et ses chapelles latérales, elle reproduisait un modèle
catalan, qui est représenté à Barcelone par les églises de Santa
Maria del Pino et de Pedralbes. La duchesse, qui gouvernait à Gandia
comme tutrice de son fils, D. Jnan, héritier du nom de l’assassiné,
obtint du pape, son beau-père, une bulle qui éleva l’église de
i. Ces deux emblèmes sont ceux que l’on a vus réunis dans un médaillon, sur
le tableau peint vers 1497, par Pinturicchio, pour une chapelle de la collégiale
de Jâtiva. (Voir l’article précédent, livraison de février, p. 97 et 99, n. 1.)
XXXIX.
3* PÉRIODE.
26
201
emblèmes qui brillent sur les voûtes de l’Appartement Borgia,— les
deux couronnes qui dardent cinq rayons, — voltige, répété par deux
fois, au milieu des volutes que dessinent les lambrequins du casque.
Écusson, casque, lambrequins et emblèmes se trouvaient repro-
duits, avec une fantaisie de décorateur plus brillante, sur des
tablettes de bois placées au plafond de l’ancienne salle d’armes,
entre les maîtresses poutres. Des écus de bois peints aux mêmes
armes, et surmontés de la couronne ducale, étaient pendus aux murs
de cette salle, où le fils de saint François de Borgia pouvait armer
sur-le-champ soixante hommes d’armes et six cents arquebusiers, et
qui sert aujourd’hui de réfectoire aux Jésuites.
Les tablettes et les écus de bois qui n’étaient pas entièrement
vermoulus ont été transportés au petit musée archéologique formé
en 1892 dans une salle du premier étage. Le musée a recueilli encore
quelques azulejos de pavement, à décor bleu, qui sont de trois types
différents : les uns portent l’écusson Borgia-Doms sur une targe ita-
lienne en forme de crâne de cheval; aux angles de la plaque carrée,
la double couronne aux cinq rayons est quatre fois reproduite ;
d’autres portent cette couronne sans les armoiries; d’autres enfin,
un second emblème des Borgia : les cinq flammes1. Un écusson
différent de celui de Borgia est porté par les deux anges qui soutien-
nent la petite tribune de la chapelle du château, dédiée à saint
Michel : deux châteaux de Castille, au-dessus d’un lion. C'est le
blason des Enriquez, la famille apparentée au Roi Catholique, d’où
était sortie Doua Maria, qui fut successivement fiancée à D. Pedro
Luis, l’aîné des fils d’Alexandre VI, et mariée au second fils du
pape, D. Juan.
*
❖ ❖
Le monument de la duchesse veuve est l’église principale de
Gandta. Cette église avait été bâtie vers la fin du xivc siècle. Avec
sa nef unique et ses chapelles latérales, elle reproduisait un modèle
catalan, qui est représenté à Barcelone par les églises de Santa
Maria del Pino et de Pedralbes. La duchesse, qui gouvernait à Gandia
comme tutrice de son fils, D. Jnan, héritier du nom de l’assassiné,
obtint du pape, son beau-père, une bulle qui éleva l’église de
i. Ces deux emblèmes sont ceux que l’on a vus réunis dans un médaillon, sur
le tableau peint vers 1497, par Pinturicchio, pour une chapelle de la collégiale
de Jâtiva. (Voir l’article précédent, livraison de février, p. 97 et 99, n. 1.)
XXXIX.
3* PÉRIODE.
26