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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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Nr. 3
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Bertaux, Émile: Monuments et souvenirs des Borgia dans le Royaume de Valence, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0236

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220

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

or, le tableau du Collège du Patriarche est fort petit : il est loin
d’avoir la largeur d’un autel. Pour essayer de conclure il faudrait
mesurer l’oratoire de la duchesse; il se trouvait « dans les chambres
de l’Appartement [du rez-de-chaussée] qui avaient sortie sur le
jardin1 » — c’est-à-dire du côté opposé à la grande cour d’entrée.
Cette partie du palais a été remaniée de fond en comble.

Si le tableau est celui qui a été commandé en 1507 à Paolo da
San Leocadio, il n’a certainement pas été exécuté par le peintre de
la duchesse. Il est plus mollement et plus grossièrement peint que
les retables de Gandia ; les proportions des figures sont plus courtes
et les visages plus larges que dans les œuvres authentiques de Paolo;
les fautes de dessin, — par exemple les gestes qui font rentrer les
bras dans le torse, ou les jambes informes de l'estafier, — sont d’un
maladroit. La composition symétrique et raide est beaucoup plus
archaïque que le style. Le peintre inconnu a suivi plus d’un maître:
il s’est souvenu des Madones de maître Paolo; mais il a imité aussi
les peintres du grand retable de la cathédrale de Valence, commencé
en 1507, et particulièrement le plus pauvre des deux collaborateurs,
Ferrando de Llanos.

Il n’est pas démontré que le tableau des trois Borgia, étranger
à l’œuvre personnelle du peintre de doua Maria, provienne du châ-
teau de Gandia. La ville même, où le couvent des Clarisses fut
comblé de faveurs par les ducs, ne contenait pas de couvent domi-
nicain où l’on puisse replacer cette Vierge flanquée de saint Domi-
nique et de sainte Catherine de Sienne. D’ailleurs une Vierge du
Rosaire ne peut-elle pas trouver place dans toute église catholique?

Un mystère enveloppe et enveloppera peut-être à jamais les ori-
gines du tableau qui commémore le crime le plus fameux de la
Renaissance. Doit-on le regretter? Ce qui est fâcheux, c’est que les
images du duc de Gandia flanqué de son assassin et de César
Borgia rendant son épée aient été peintes par une main molle et
comme indifférente. Rapprochée du Pinturicchio du musée de Valence
ou du reliquaire émaillé de la collégiale de Gandia, la Vierge des
trois Borgia est une œuvre d’art négligeable. Mais quel raccourci
d’histoire !

E . lî E R T A U X
 
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