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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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Nr. 3
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Forthuny, Pascal: Une exposition d'eaux-fortes originales
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0238

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222

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Jean-François Millet campait dans le champ. C’est dans la ville qu’ici
nous les retrouvons, dans la ruelle pittoresque du faubourg, au lavoir
ou sur la berge de la Seine, en de justes transpositions d’attitudes,
où, pourtant, le petit-fils voit par ses yeux et dessine de sa main, sans
le souci d’imiter.

M. Andrew F. Affleck, Ecossais, fut architecte. Il grave des vues
de Sienne avec la précision et l’honnêteté dans le détail qu’on peut
attendre d’un dessinateur de « relevés ». Mais, à la proportion fidèle,
au trait sagement mesuré, il joint ce que le compas ne donnerait
point : la poésie de l’ensemble, la sensibilité du morceau, toutes
vertus qui animent ses travaux, les drapent pour en dissimuler la
sécheresse archéologique, et donnent à ses architectures l’aspect de
vivants paysages de pierre. Encore un peu, et l’on oublierait que ce
sont là des réalités et l’on croirait que l’artiste a imaginé ces archi-
voltes, ces ponts et ces tours, tel Jacopo Bellini composant, au quat-
trocento, ses recueils d’esquisses (Louvre et British Muséum), en
se souvenant du Santo de Padoue.

M. Aug. Fabre, sous le grain de l’eau-forte, réussit à enfermer
l’âpre et austère beauté d’une province française, le Rouergue, qu’il
aime pour sa sévérité même, et pour tout ce qu’elle encadre de mé-
lancolie dans ses revêches horizons. Sous le ciel triste, dans des gris
voulus, il a justement observé l’attitude de la chaumière près du
ruisseau qui coule, lent et froid, parmi les herbes hautes, la porte
du cimetière villageois, bâtie de lourdes pierres, pour les siècles, et
la campagne où le sentier se glisse parmi les roches.

M. W. Zeising, Saxon, appesantit ses travaux de début dans une
recherche quelque peu compacte de la valeur. Mais il quitta sa
patrie, vint en Bretagne, à Paris, et l’air de France, caressant son
cuivre, le blondit, épura ses encres, éclaira ses fonds. S’il n’a rien
renié de ses premières touches, il y a ajouté quelques rayons de
notre soleil. C’est tout bienfait. De ses travaux des bords de l’Elbe,
il a gardé un dessin très inscrit; de ses voyages dans nos contrées,
il rapporta le goût d’une lumière plus fine. A vrai dire, quelques
détails, de-ci, de-là, révèlent que, dans cette heureuse évolution, il
fut parfois surpris et déconcerté par la subtilité d’atmosphères où
la nuance, à de certaines heures, se fragmente à l’infini. Mais, pour
quelques plans hésitants, M. Zeising nous offre, en compensation
des pages qui proclament l’imminente maturité de son talent.

PASCAL F O R T H U N Y
 
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