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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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Nr. 3
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Bénédite, Léonce: J.-J. Henner, [6]: artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0258

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238

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Aussi, avec la même fougue qu’il apporte à se mêler à la vie, à
remplir ses poumons de cette atmosphère méridionale, subtile,
tiède et parfumée, confondu avec les indigènes qui la respirent
jusqu’à se considérer en quelque sorte comme un des citoyens de
Rome les plus jalousement épris de sa ville natale, avec la même
ardeur qu’il déploie à repaître ses yeux toujours inassouvis de la
fantasmagorie du ciel et de la beauté de la race, se livre-t-il à la
contemplation passionnée des œuvres d’art.

Au début, il s’offre une véritable orgie de peinture, une débauche
de chefs-d’œuvre. Il est insatiable. 11 veut tout voir et il ne cesse
de revoir. U s’abandonne aux émotions les plus diverses, se livre
aux admirations les plus contraires. Son goût tout particulier poul-
ie métier de la peinture, sa curiosité des techniques savantes et
fortes, son amour des belles et riches matières et, en même temps,
sa prédilection naturelle pour les moyens d’expression les plus
directs et les plus simples, le ballottent des plus doctes et vigou-
reux praticiens des écoles de Bologne ou de Naples aux plus naïfs,
aux plus sincères et aux plus attendris des quattrocentistes siennois
ou toscans. Il est comme dans un verger enchanté où il est attiré
par tous les fruits, et il goûte avec avidité à chacun d’eux sans dis-
tinguer encore sa préférence.

Son éclectisme est entier, car sa bonne foi est entière. Il n’a ni
parti pris ni préjugés. Il se dégoûte vite assurément du Guide, bien
qu’il ait été séduit un instant par l’ampleur de sa rhétorique de-
vant Y Aurore du palais Rospigliosi, mais il ne ménage pas son
sentiment à Annibal Carrache ni au Dominiquin et, lorsqu’il est à
Naples, l’esprit déjà repu de chefs-d’œuvre, le jugement calme et
reposé, il considère avec grande déférence les maîtres de cette
école. Il apprécie comme il convient Salvator Rosa; quant à l’Espa-
gnol Ribera, il le classe un instant « à la hauteur des plus grands
peintres ». A côté de cela, il dessine la Madone de Botticelli à la
galerie Colonna et il nous dit en maint endroit la pure émotion qu’il
a éprouvée au cours de ses voyages dans l’Italie du Nord devant les
grands narrateurs expressifs, si épris de beauté ou de vérité,
de Sienne, d’Assise ou de Florence. Pise, « autre sanctuaire de
la peinture de la Renaissance », lui offre une courte étape de
travail dans le Campo Santo. A Prato, il s’arrête pour prendre une
esquisse des fresques de Lippi. Dans le petit résumé historique où il
est fier d’étaler ses connaissances toutes neuves devant son maître,
il ne manque pas d’appeler Masaccio le plus grand peintre avant
 
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