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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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Nr. 4
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Tourneux, Maurice: Une exposition rétrospective d'art féminin
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0319

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298

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

clreiiil, de la Duchesse de Polignac, de Mme Du Barry provenant,
dit-on, du duc de Brissac, qui voisinaient avec l’esquisse du grand
portrait, peint en 1787, de Marie-Antoinette avec ses trois enfants
(Musée de Versailles).

La plupart de ces noms évoquent de lugubres souvenirs; la toile,
de vastes proportions où Mllc Constance Mayer s’est représentée
écoutant les doctes enseignements de son père nous ferait sourire
par sa mise en scène à la fois pompeuse et puérile si nous ne savions
quel dénouement tragique eut aussi la vie de l’artiste; mais, en
1801, Mlle Mayer n’avait pas encore rencontré Prud’hon et son talent
naissant ne s’était point dégagé de l’influence de ses premiers
maîtres, Greuze et surtout Suvée. Ce tableau n’a, que je sache,
jamais paru aux expositions rétrospectives et il a, par suite, échappé
à tous les historiens du drame douloureux ', qui n’eussent pas
manqué d’y faire au moins allusion. Il a pour l’iconographie de
l’infortunée un intérêt réel, car il la montre avant les années
d’épreuves où, après avoir perdu son père, victime d’un banal et
horrible accident, elle fut pour Prud’hon et ses enfants la compagne
et la mère qu’il n’avait pas rencontrée dans sa femme légitime.

Enfin, pour que rien ne manquât à cette inoffensive résurrection
d’un passé dont tout nous sépare, on pouvait voir au Lyceum un
paysage que Marie-Louise avait au moins regardé peindre et de
sa nièce, la reine Hortense, une vue de son propre tombeau à
Saint-Leu, ainsi qu’un portrait de Germain Delavigne. Acceptons
sans les discuter les affirmations du catalogue (au moins quant à la
première) et disons que le portrait de Germain Delavigne est, malgré
sa sécheresse, agréable et spirituel.

Il est curieux de comparer les timides « pignochages » nés de ces
distractions princières aux vigoureuses interprétations de Bosa
Bonheur, de Marie Bashkirtseff, d’Eva Gonzalès, de Berthe Morizot
et d’une de leurs émules, moins connue, Mme Delance. L’ébauche de la
Fenaison par la première trahit une fougue qui s’assagissait dans Bate-
lier, et les portraits peints par Marie Bashkirtseff portent, hélas ! déjà
leurs dates ; mais l’exquise virtuosité d’Eva Gonzalès se retrouve
toute dans ce pudique et délicat profil d’une mariée de village et dans
cette étude d’un modèle aux blanches épaules et à la coiffure d’une
Velléda rustique. La Cave de Mme Delance prouve une fois de plus ce

I. Entre autres à Charles Gueullette dans ses articles de la Gazette sur
Mlle Constance Mayer et Prud'hon (mai, octobre et décembre 1879), et sur Prud'hon
et sa famille (1881).
 
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