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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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Nr. 4
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Guiffrey, Jules: La manufacture des gobelins
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0343

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Les dimensions exceptionnelles des bordures suffiraient à distin-
guer les œuvres de cette première période. Encore n’est-ce pas leur
unique mérite. On ne saurait trop insister sur le sentiment décoratif
qui inspire et caractérise les compositions de Simon Vouet, de Henri
Lerambert, de Philippe de Champaigne, et de toute cette école bien
française du début du xvn° siècle. Après avoir attentivement com-
paré les modèles de ces artistes trop dédaignés avec ceux de Le
Brun et de ses collaborateurs, un juge compétent et désintéressé
hésiterait peut-être à donner la palme aux derniers. Le début du
xvnc siècle est signalé en France par une vigoureuse renaissance de
la peinture et de la sculpture, que le règne du Roi Soleil a trop fait
méconnaître. Il ne faut pas oublier qu’à cette première moitié du
xvnc siècle appartiennent quelques-uns de nos plus grands artistes,
les Poussin, les Lesueur, et que ces chefs incontestés de l’école
française furent invités, eux aussi, à prêter leur collaboration à nos
tapissiers.

Il n’y a pas bien longtemps qu'on s’est mis à reconstituer,
d’après les documents originaux, l'histoire de ce premier atelier
installé par Henri IV en 1601 sur les rives de la Bièvre, devenu
sous Louis XIV la manufacture des meubles de la Couronne. Le
volume où M. Fenaille exposera le résultat de ses recherches sur l’art
textile de cette première et si féconde période apportera sans doute
bien des faits nouveaux et contiendra quantité de révélations
imprévues. Nous savons de source certaine que sa préparation est
dès maintenant assez avancée pour que la publication ne souffre pas
de longs délais.

L’exposé des travaux de nos tapissiers pendant la dernière moitié
du xvne et le xvme siècle se trouve, par la nature même des choses,
réparti en trois périodes très tranchées.

Pendant près d’un siècle et demi, la manufacture va pour-
suivre sa glorieuse destinée et éclipser tous les ateliers rivaux des
pays étrangers. Sa réputation s’est répandue dans les régions les plus
éloignées, et les potentats de l’Extrême-Orient reçoivent et admirent
les tentures françaises comme d’incomparables chefs-d’œuvre. Sans
doute, pendant cet espace de plus d’un siècle, les traditions subissent
de continuelles modifications. A la magnificence solennelle et un
peu emphatique de Y Histoire d'Alexandre, de Y Histoire du Roi, des
Eléments et des Saisons, succède presque sans transition un art
libre, élégant, nouveau, dans les inventions exquises des portières
des Dieux, de Claude Audran. Cette inspiration toute française, si
 
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