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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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Nr. 4
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Guiffrey, Jules: La manufacture des gobelins
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0345

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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opposée au style académique de Charles Le Brun, fait son apparition
dès la fin du xvne siècle; l’admirable série des Mois grotesques, une
des œuvres les plus typiques du talent original d’Audran, fut
inventée et exécutée pour la décoration de la chambre du Grand
Dauphin, au palais de Meudon. Cette œuvre, qu’on croirait au pre-
mier abord contemporaine de la Régence, date donc réellement des
premières années du siècle. Elle forme comme le trait d’union entre
Le Brun et Watteau ; elle prépare les galantes mythologies de Boucher
et de son école. Voici encore un exemple de la difficulté d’assi-
gner une date précise aux transformations du goût. La plus carac-
téristique peut-être des tentures du xvme siècle, cette suite célèbre
de Don Quichotte, tant de fois remise sur le métier avec des entou-
rages souvent renouvelés, prit naissance en 1714; cela résulte de
documents positifs. Or, à cette date, Charles Coypel, l’auteur des
modèles, atteignait tout juste sa vingtième année. Qu’on ait confié
la commande d’un carton de tapisserie à un débutant, cela parais-
sait tout à fait anormal ; par suite, les premiers sujets de la série
passèrent longtemps pour l’œuvre du père de Charles : Antoine
Coypel. M. Fenaille a démontré, pièces en main, qu’on s’était trompé,
et que Charles, le dernier représentant de la nombreuse dynastie
des Coypel, était bien l’auteur de tous les sujets du Don Quichotte
sans exception, qu’il y avait travaillé du reste presque sans inter-
ruption pendant près de quaranle années. Que de faits controuvés,
admis comme authentiques, se trouvent ainsi convaincus d’erreur par
les investigations patientes et sagaces de M. Fenaille ! Il fallait une
inlassable persévérance, une prudence toujours en éveil, pour se
reconnaître au milieu de ces documents, souvent incomplets, parfois
contradictoires. Sans doute on ajoutera à l’œuvre de M. Fenaille
certaines particularités dont il n’a pas eu connaissance; on rectifiera
quelques points de détail; il n’en laissera pas moins un livre défi-
nitif sur une des manifestations les plus considérables de l’art
français.

Ne peut-on pas suivre pas à pas dans la transformation de la
haute-lisse l’évolution incessante de la peinture? Ainsi, dans ce pre-
mier volume du xvme siècle, qui débute par Audran et Jouvenetpour
aboutir au Don Quichotte, quelle variété de tendances et d’inspi-
rations ! Et pourtant apparaît toujours la survivance de la tradition,
l’influence de l’époque classique. A-t-on jamais mieux compris et
interprété une composition décorative que l’a fait Jean-François de
Troy dans ses admirables tentures de Y Histoire d'Esther et de YHis-
 
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