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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0377

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352

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Hogarth tourne en ridicule la brutalité des mœurs, quatre peintres orientent le
goût de leur pays vers une expression plus raffinée de la société, en choisissant
leurs modèles dans les rangs de l’aristocratie.

Les gracieux portraits de femmes et d'enfants aux airs nobles, aux allures
fines, avec leurs plumes, leurs grands chapeaux de paille blanche, leurs rubans,
leurs étoffes soyeuses, tout leur caractère d’élégance, font sentir combien Rey-
nolds, Gainsborough, Romney et Lawrence, sans parler des autres portraitistes
tels que Raeburn, Beechey, Gosway, sont issus directement de van Dyck : « Nous
allons tous au ciel », disait Gainsborough en mourant, « et van Dyck est de la
partie. » Ce mot permet d’affirmer l’existence d’une tradition anglaise dont le
canon serait indiqué dans un des discours de Reynolds: « La perfection de l’art
ne consiste pas dans la simple imitation de la nature. L’homme porte en lui un
principe supérieur à la nature. C’est le beau idéal en France; c’est le genius ou
le gréai style en Angleterre. »

11 eût été curieux d’approfondir la différence du génie français et du génie
anglais et leurs influences réciproques au xvine siècle. Il y a des échanges de
sentiments et d’idées à cette époque entre les deux peuples et des courants
d’opinions qui les portent l'un vers l’autre. Gravelot, installé à Londres vers 1740,
fait connaître et admirer du public anglais Walteau, dont l’influence ne laisse pas
d’être considérable. La femme, en Angleterre, souhaite rencontrer des maîtres
pareils aux artistes français, capables de la représenter avec une grâce aussi
exquise. En même temps, les Anglais nous communiquent un profond sentiment
de la nature, en nous révélant la beauté de leurs jardins. Murait, dans une lettre,
rappelle que Le Nôtre, appelé à Londres par Charles II pour embellir le parc de
Saint-James, déclare que tout son art n’atteignait pas à cette simplicité.

Pendant que Jean-Jacques Rousseau, un de nos premiers paysagistes en littéra-
ture, nous apprend à aimer l’Angleterre et ses sites pittoresques, ses formules se
trouvent traduites par des peintres français qui jusqu’alors s’étaient peu occupés
de paysage : « On a été frappé », écrivait Constable, « de la fraîcheur et de l’éclat
de mes teintes, qualités introuvables dans les tableaux français. Sans doute les
Français étudient beaucoup, mais seulement les maîtres et, comme dit Nortbcot,
ils ne connaissent pas plus la nature que les chevaux de fiacre ne connaissent
leur pâturage. » Pendant près de deux siècles, à part Claude Lorrain, nous
n’avions eu que peu de paysagistes. C’est surtout de 1824 à 1831, lorsque
Géricault et Bonington firent connaître aux Français la peinture de Constable
et de Gainsborough, que l’art du paysage prit réellement un libre essor dans
l’école française.

Le livre de M. Dayot fait souvenir qu’à travers tous les arts anciens et
modernes ce ne sont qu’échanges et prêts successifs. Comme le disait Voltaire,
« presque tout est imitation. 11 en est des arts comme du feu de nos foyers. On
va prendre ce feu chez son voisin, on l’allume chez soi, on le communique à
d’autres, et il appartient à tous. »

ANDRÉ FLORENCE

Le Gérant : P. Girardot

PARIS.

IMPRIMERIE PHILIPPE RENOUARD
 
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