Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 39.1908)

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

dont l’analogie avec celui de Maddalena, sa sœur, est frappante,
nous verrons se préciser davantage encore les affinités des dernières
médailles de Melioli avec les trois pièces à l’Amour captif; enfin les
monnaies de Jean François de Gonzague, attribuées à Melioli, ont
avec ces pièces une aussi évidente parenté1.

xXinsi, la façon de dessiner les cheveux est la même dans les por-
traits de Jean-François de Gonzague et dans celui de Lucrèce; la
résille et le ruban qui retiennent la chevelure de Madeleine de
Gonzague sont presque identiquement répétés sur la médaille de
Jacopa Corregio; la lettre est presque la même aussi dans toutes
ces pièces, comme on s’en convainc en comparant le nom Magda-

lenadans les deux médail-
les de Maddalena Rossi et
de Madeleine de Gonzague ;
l’emploi accidentel de feuil-
les de lierre et d’étoiles à
trois branches, au lieu de
points dans les légendes
des pièces à l’Amour captif,
s’observe également dans
deux médailles de Melioli,
celles de Louis II de Gonzague et de Jean-François; enfin la façon
de couper le buste et de détacher certaines parties de la base en fort
relief se retrouve à peu près la même dans plusieurs de ces pièces.
D’ailleurs cette grâce indéfinissable et très italienne des personnages
gravés aux revers des monnaies de Melioli , ou sa manière de chiffonner
et de faire flotter des rubans et des banderoles, ne les retrouvons-
nous pas encore dans les deux Amours captifs? Mais, surtout, n’y a-il
pas entre les deux portraits que Melioli a faits de Jean-François de
Gonzague — je veux dire la médaille et la monnaie, — et le portrait
de Lucrèce Borgia, une de ces ressemblances inanalysables qui sont
cependant saisissantes? Et les visages, dans ces puissants portraits, —
comme aussi dans celui de Claire de Gonzague, — ne sont-ils pas
modelés avec la même vigoureuse simplicité, la même hardiesse et la
même largeur, et n’ont-ils pas la même gravité songeuse et comme

MONNAIE DE J E A N - F R A N Ç O I S II,
MARQUIS DE MANTOUE, PAR MELIOLI

1. Armand, op. cit., t. III, p. 18. L’attribution de ces monnaies à Melioli qui
fut directeur de la Zecca de Mantoue de 1492 à 1514 est à peu près certaine.
Toutefois, G. M. Cavalli lui fut adjoint comme graveur des monnaies de 1497
environ, jusqu’à 1506 : les coins monétaires gravés à cette époque peuvent donc
être le produit d’une collaboration de Melioli et de Cavalli.