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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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Nr. 5
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Foville, Jean de: Le médailleur "à l'amour captif"
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0420

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LE MÉDAILLEUR « A L’AMO.UR CAPTIF

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alourdie? Bref, il me semble impossible de ne pas voir entre Melioli
et le Médailleur à l’Amour captif un lien de si étroite connexité,
qu’ils doivent très probablement n’être qu’un seul et même homme.

Si cette identification n’a jamais été encore proposée, c’est que
les premières médailles de Melioli, antérieures de près de trente
ans à celle de Lucrèce Borgia, ont servi généralement à définir son
style : mais dans l’espace de dix années, de 1474 à 1484, c’est-à-dire
de sa première œuvre connue à sa dernière médaille signée, ce style
a tellement évolué que les dissemblances devaient nécessairement
être plus profondes encore entre les œuvres que Melioli créait vers
1505, alors qu’il avait cinquante-sept ans, et ses premières médailles,
timidement gravées au temps de sa première jeunesse.

Melioli était un orfèvre. Ce n’est que très exceptionnellement
qu'il a gravé des médailles1, puisque au cours d’une carrière de
plus de quarante années il n’en a signé que cinq, auxquelles nous
n’en ajoutons que quatre. Mais les documents publiés par AI. Davari
et M. Bertolotti 2 nous prouvent en quelle rare estime le tenaient les
Gonzague. Or, Alantoue et Ferrare ne sont distantes l’une de l’autre
que d’une centaine de kilomètres; la femme de Jean-François de
Gonzague était la sœur d’Alphonse d’Este, et assistait au mariage de
son frère avec Lucrèce Borgia : rien de plus naturel, par consé-
quent, qu’en l’absence de tout médailleur à la cour de Ferrare, les
Gonzague aient prêté leur meilleur orfèvre à la maison d’Este pour
commémorer par une médaille le mariage d’Alphonse et de Lucrèce.
C’est grâce à ce concours de circonstances que nous devinons la
beauté très particulière et presque étrange de cette héroïne d’un des
plus pittoresques romans de l’histoire et que nous l’imaginons telle
qu’elle était lors de sa triomphale entrée à Ferrare, ses longs cheveux
mollement répandus sur ses épaules et vêtue d’une robe de velours
noir brodée d’or. Cette médaille, en l’absence de tout portrait peint
ou sculpté, constitue la meilleure illustration des chroniques qui nous
ont décrit cette figure fameuse et malgré tout séduisante, et nous
comprenons que Melioli, s’inspirant peut-être de Bembo, ait, au re-
vers du portrait de Lucrèce, célébré son charme et enchaîné l’Amour.

JE AX DE FOVILLE

1. Mobilier (Les Plaquettes, p. 70-77) a attribué à Melioli quelques plaquettes,
mais cette attribution reste trop hypothétique pour qu’on en puisse faire la base
d’un raisonnement.

2. Stefano Davari, Sperandio da Mantova e Bartolomeo Meliolo mantovano,
Mantoue, 1886, in-18 ; — Bertolotti, op. cit.

XXXIX.

3' PÉRIODE.

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