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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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Nr. 6
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Bruel, François-Louis: L' exposition de dessins et d'eaux-fortes de Rembrandt à la Bibliothèque Nationale
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0473

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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jugez de ce qu’elles sont ici. » En mars 1773, entre autres « ou-
vrages de l’art » dont se composait son cabinet, Mllc Clairon fait
vendre en son hôtel de la rue du Bac près de cent eaux-fortes de
Rembrandt, la plupart <c en beaux états, collées sur du papier
d’Hollande et ajustées avec des filets d’or à l’entour ». Le F or trait
du bourgmestre Six n’y atteint pas moins de quatre cents livres ; il
devait l’année suivante, à la vente Brochant, couvrir l’enchère de
720 livres; il a fait, en 1853, 3500 francs à la vente Thorel, et enfin,
en 1877, 17 000 francs à la vente Didot.

Quant aux dessins, s’il était encore relativement facile de s’en
procurer au xvmc siècle à des prix assez modiques (en 1776, un
« vieillard à barbe avec robe fourrée et assis dans un fauteuil, de
huit pouces et demi sur cinq et demi de large », jointes deux
études de femmes, ne dépasse pas 26 francs à la vente Neyman)
Josi nous apprend qu’en 1820 on payait, pour un paysage ou pour
un dessin historique, de 500 à 1 000 florins. Un demi-siècle plus
tard, à la vente Emile Galichon, le Portrait d’Anslo (n° 285)l, actuel-
lement en la possession du baron Edmond de Rothschild, est vendu
7 300 francs, et en 1883, à la vente Jacob de Vos un dessin qualifié
« Rempart de ville », qui n’est peut-être autre que la Porte
de ville de la collection Bonnat (n° 463), atteint au chiffre de
10 920 francs.

C’est dire qu’à l’heure où s’ouvre l’Exposition de la Bibliothèque
Nationale, l’exagération toujours croissante des enchères aura tôt
fait de concentrer et d’immobiliser dans quelques grandes collec-
tions d’Etats et de particuliers ces œuvres inestimables. Et la pré-
cieuse faculté de rare émotion qu’elles portent en elles risquerait
fort d’être perdue pour nous, si des initiatives aussi recommandables
que celle qui se produit aujourd’hui2 n’en fournissaient parfois au
public le bénéfice exceptionnel.

1. Les numéros placés entre parenthèses àla suite des titres des dessins et des
eaux-fortes renvoient à ceux de l’Exposition et de l’excellent catalogue dressé par
MM. Courboin, Guibert et Lemoisne (Paris, Lévy, 1908, in-8 de xv-loO p.).

2. Il faut féliciter M. Henry Marcel, administrateur général de la Bibliothèque
Nationale, de son heureuse inspiration, et savoir gré à ses collaborateurs habi-
tuels, M. T. Mortreuil, M. F. Courboin, conservateur du Cabinet des Estampes,
MM. J. Guibert, P.-A. Lemoisne, et J. Laran, d’avoir, une fois de plus, en organi-
sant cette Exposition, fait preuve d’infiniment de zèle et de compétence.

Parmi les plus fervents acquéreurs d’œuvres de Rembrandt dans le passé, nous
citions en France Coypel et Boucher; on peut y ajouter Reynolds et Lawrence en
Angleterre : ne nous étonnons pas de constater que continuant la tradition, sur
vingt collectionneurs dont le précieux concours a permis cette exposition, six soient
 
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