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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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Nr. 6
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Beaunier, André: Les salons de 1908, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0505

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

leur, bien que distribuée à l’aventure, donne d’agréables bariolages.
Pourtant, une robe bleu vert, au premier plan, taquine l’œil, comme
fait, au second plan, l’écharpe verte d’un jockey. Les Badauds, une
haie de gens qu’on voit de dos et qui sont tous montés sur des
pliants pour regarder on ne sait pas quoi, ces badauds ont toute la
stupidité et toute la vulgarité désirables. La Séance solennelle de
ïAcadémie française est une assez bonne chose : on y sent l’atmo-
sphère du lieu, sa chaleur de serre ; et l'air manque à merveille ; et
c’est avec exactitude ce fol éclairage de la coupole. Seulement, les
personnages sont de fantaisie imparfaite ; et, ô M. Hochard ! le direc-
teur de cette compagnie, pour prononcer un discours, ne se lève pas
de son fauteuil : du reste, qu’importe?_

Mais il y a une aisance de bel artiste et quelques résultats déli-
cieux dans ce tableau des Paysannes à l'église. Vieilles femmes
ineptes et hideuses, sur lesquelles tombe une lumière dorée, une
lumière étrange et magnifique. Au fond de l’église, un bout do
vitrail est exécuté d’une charmante manière. Les mains d’une vieille
femme, pauvres et laides mains, qui ont été laborieuses et qui sont
gauches en leur fainéantise, ces mains noueuses, ces mains que la
morne prière a jointes et qui demeurent, inutilement, proches,
l’artiste les a peintes un peu comme Frans Hais, parvenu à la plus
simple et poignante formule de son art, peignit les mains de ses
dévotes dames. Et il sufiit que les Paysannes à l’église évoquent
ce souvenir pour que l’œuvre en soit glorifiée.

La Cérémonie religieuse à Assise, de M. Lucien Simon, ne me
satisfait pas complètement; non. C’est un beau morceau de peinture;
mais ce n’est, en somme, que cela. Et l’on peut dire — et l’on dit
— qu’il n’en faut pas davantage. C’est une erreur; et même, c’est
plus d’une erreur en peu de mots.

D’abord, je ne puis m’intéresser longuement et profondément à
une œuvre qui ne vaut que par l’heureuse exécution. J’applaudis à
l’habileté du peintre; je l’approuve de bien savoir son métier; je
l’admire d’aimer le jeu charmant des nuances et des lumières; il
m’invite à ce jeu, et je m’y plais — un peu moins que lui, toute-
fois, et un peu plus vite : — il a cherché, lui, ces merveilles ou
bien ces gentillesses, il les a devinées, attendues, il a senti leur
approche, il les a sollicitées avec une sorte de ferveur, il s’est amusé
des détours qu’il faisait avant d’arriver à ses tins, tandis que, moi,
on me donne ce résultat, on me l’impose tout de go, et je constate
 
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