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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

DOI issue:
Nr. 6
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Marx, Roger: L.-A. Lepère, 3: peintres-graveurs contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0533

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498

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

tives se succèdent, efficaces, fécondes : en 1888, pour la première
fois, un somptueux recueil1, dont la fondation lui est due, placera
le bois sur un pied d’égalité absolue avec la taille-douce, et des
épreuves de luxe solliciteront la convoitise des amateurs ; deux ans
après, à sa requête, une association d’artistes2 favorisera le retour
du bois dans l’illustration du livre. Les assemblées et les jurys ne
comptent pas un meilleur soutien de l’art indépendant. D’ailleurs
le souci des intérêts corporatifs s’accuse très vif chez Lepère : quel
lustre sa direction prépondérante n’a-t-elle pas fait rejaillir sur la
revue3 où l’on vit concourir, pendant un an, à la plus utile propa-
gande par le fait, les forces unies du Syndicat des graveurs sur
bois! Dans la suite, en 1902, Lepère réalisera le projet depuis
longtemps caressé d’une exposition récapitulative de la xylographie
à l’Ecole des Beaux-Arts4 : par là il entend intéresser le goût à de
nobles inventions oubliées, méconnues; du même coup il veut pren-
dre texte des leçons du passé pour ramener un art dévoyé à une pra-
tique plus saine, plus loyale et moins éloignée de sa loi naturelle.

Les phases d’éclat et d’abaissement qu’il a traversées au cours
des âges sont présentes à la mémoire; en raison même de ses res-
sources foncières et bornées, le destin lui est échu de connaître dès
l’origine son apogée et de fournir sans délai la mesure de ses vertus
distinctives, qui sont la force, la franchise et la clarté; à partir du
xvnc siècle il déchoit et disparaît jusqu’au xvin° siècle ; on croirait
vers cet instant sa gloire émigrée au pays du soleil levant. Il faut
attendre l’époque du romantisme pour assister à une renaissance
radieuse, mais si brève qu’elle s’éteint avant la fin du secondEmpire.
Alors survient la photographie, tel un fléau; la science remplace
l’art, l'opérateur, l’artisan; tous les genres de gravure sont concur-
rencés, tous sont atteints dans leur existence économique, esthé-
tique, tous sont projetés hors de leurs fins rationnelles, — la xylo-
graphie plus qu’aucun autre. La fonction en est bien, n’est-ce pas.
de réserver un dessin tracé de telle sorte que la taille n’ait qu’à

1. L'Estampe originale, avec préface de Roger Marx, 1888, in-folio. Voir au sujet
de cet album la Gazette des Beaux-Arts, 1888, t. II, p. 224.

2. La Société artistique du livre illustré. Un des volumes édités par cette Société,
Le Journal, par Clovis Hugues (1890), contient des bois originaux de Lepère.

3. L'Image (1897-1898), publié sous la direction artistique d’Auguste Lepère,
Tony Beltrand et Léon Ruffe.

4. En mai 1902. — Voir sur cette exposition l’article de M. Raymond Bouyer dans
la Gazette, 1902, 1.1, p. 287 et suiv. — Une exposition de la gravure japonaise avait
été organisée à la même École des Beaux-Arts dès avril 1890.
 
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