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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 40.1908

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Nr. 2
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Bénédite, Léonce: J.-J. Henner, [7]: artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24867#0176

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

et pendant dans Je dos, car Henner ne noue jamais ses chevelures
en chignons, comme s’il craignait d’interrompre par le moindre relief
les grandes belles courbes qui se suivent de J a tête aux épaules et
jusqu’aux reins. La clarté d’une petite nappe d’eau, qui réfléchit la
limpidité du ciel dans ce paysage splendide et tranquille, unit les
deux blancheurs nues. C’est ici qu’on voit à quel point la nature,
chez Henner, ajoute de charme et de puissance à la beauté de la
forme humaine.

%

* *

Le premier des tableaux de sujet pathétique qu’exposa Henner au
Salon date de 1874 avec le Bon Samaritain. Coup sur coup, les années
suivantes, son rêve accoutumé de songeries virgiliennes est accom-
pagné de motifs tout chrétiens. C’est, en 1876, le Christ mort; en
1877, le Saint Jean-Baptiste, dont la douloureuse tête coupée
avait été exécutée d’après le visage ivoirin au pur dessin sémi-
tique de Charles Hayem ; en 1878, c’est la Madeleine ; en 1879,
Jésus au tombeau] en 1881, Saint Jérôme. En 1882, il est vrai,
il y a une exception aux scènes chrétiennes, mais le pathétique
n’est pas oublié, puisque c’est l’année où il expose la Mort de
Sara. En 1883, il se contente d’une Religieuse, mais en 1884,
reparaît un Christ au tombeau] en 1885, encore une Madeleine, qui
sont suivis plus ou moins régulièrement ensuite d’un Saint Sébas-
tien, d’une Pieté/,, de La Femme du lévite d’Ephraïtn (1895), repris
en 1898 sous la forme du Lévite d’Éphraïm devant sa femme morte,
du Christ au linceul, etc.

Par quelle crise de la pensée Henner fut-il presque subitement
porté vers cet aspect mélancolique des choses? Nous savons cepen-
dant que ce côté mystique et religieux de son esprit n’est pas nou-
veau. 111 avait montré dès l’origine, en ce premier tableau d’Alsace
où il peignait sa sœur morte pleurée par sa mère. Mais les voluptés
méridionales de la vie italienne l’avaient détourné de ces conceptions
pessimistes. Il ne voulait plus peindre que la beauté, et il est vrai
que désormais il ne cherchera plus que la beauté, même dans la
douleur et la mort.

Si quelque influence sentimentale inconnue l’entraîne, à ce
moment peut-être, vers cet ordre de sujets, nous pouvons affirmer
qu’il y est porté par des raisons d’une nature toute différente. C’est,
nous l’avons déjà noté au début de cette étude, le côté artiste le son
tempérament qui le pousse à s’intéresser à la grande beauté silen-
 
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