DOI Heft:
Nr. 2
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BIBLIOGRAPHIE
UNE CHRONIQUE ALEXANDRINE ILLUSTREE
ette Chronique universelle1 se compose de quelques feuillets
d’un livre en papyrus, très déchiquetés, qui, acquis voici
sept ou huit ans à Gizeh par Golenischev, ont été rapiécés
au prix d’un méticuleux labeur par M. A. Bauer. L’écriture
indique le milieu du vc siècle, le texte lui-même n’est
guère plus ancien; il faut y voir probablement l’œuvre de
quelque moine ignoré et ignorant de l’école de Panodoros
et d’Annianos.
Le texte, restitué et commenté savamment par M. Bauer, offre une grande ana-
logie avec celui du Barbants de Scaliger (Bib. Nat., 4884). Les fragments qu’on lit
ou qu’on devine apportent : des tableaux parallèles des mois romains, hébreux,
égyptiens, attiques; une géographie du monde selon le partage entre les fds de
Noé; la liste et les « adages » des Prophètes; la suite des rois de Rome, de Lacé-
démone (Agiades), de Macédoine, de Lydie; enfin une chronographie sommaire
des années 383 à 392 (époque de la destruction du Sérapéum), avec les dates selon
l’ère de Dioclétien, les noms des consuls eL ceux des augustales ou préfets d’Égypte.
Dans le Barbants de Scaliger, la place est réservée pour les illustrations, mais
celles-ci elles-mêmes manquent. Au contraire le papyrus de Gizeh est parsemé de
nombreuses miniatures, dénuées de tout encadrement ornemental, et rapidement
tracées au pinceau; les couleurs employées sont le brun, le rouge, le bleu. Les
huit doubles planches en chromotypie, très soigneusement exécutées, qui repro-
duisent ces figures à la grandeur naturelle, permettent d’en apprécier la valeur
artistique, qui est presque nulle (quelle différence avec le Cosmas du Vatican !) et
l’intérêt historique, qui est très grand, surtout à la lumière des fines et pénétrantes
explications de M. Strzygowski. Le livre illustré est une invention égyptienne, qui
remonte au moins au Moyen Empire. L’illustration fut d’abord réservée aux textes
religieux; c’est d’Asie qu’est venue l’image historique. A l’époque gréco-romaine
deux systèmes d’illustration sont en présence : l’un explicatif et narratif (tradition
hellénistique), l’autre purement ornemental (tradition asiatique). Cassiodore en
opère la conciliation; tous deux apparaissent réunis dans le papyrus de Gizeh,
1. Eine alexanclrinische Weltchronik. — Text und Miniaturen eines griechischen Papy-
rus derSammlung W. Golenijj/œo, herausgegeben und erklârt von. Adolf Bauer und Josef
Strzygowski. (Denkschriften der Akad. der Wissenschaft in Wien, philos, hist. Elusse,
Band LI, ir). — Wien, Gerold’s Sohn, 1905, in-4°, 204 p.
UNE CHRONIQUE ALEXANDRINE ILLUSTREE
ette Chronique universelle1 se compose de quelques feuillets
d’un livre en papyrus, très déchiquetés, qui, acquis voici
sept ou huit ans à Gizeh par Golenischev, ont été rapiécés
au prix d’un méticuleux labeur par M. A. Bauer. L’écriture
indique le milieu du vc siècle, le texte lui-même n’est
guère plus ancien; il faut y voir probablement l’œuvre de
quelque moine ignoré et ignorant de l’école de Panodoros
et d’Annianos.
Le texte, restitué et commenté savamment par M. Bauer, offre une grande ana-
logie avec celui du Barbants de Scaliger (Bib. Nat., 4884). Les fragments qu’on lit
ou qu’on devine apportent : des tableaux parallèles des mois romains, hébreux,
égyptiens, attiques; une géographie du monde selon le partage entre les fds de
Noé; la liste et les « adages » des Prophètes; la suite des rois de Rome, de Lacé-
démone (Agiades), de Macédoine, de Lydie; enfin une chronographie sommaire
des années 383 à 392 (époque de la destruction du Sérapéum), avec les dates selon
l’ère de Dioclétien, les noms des consuls eL ceux des augustales ou préfets d’Égypte.
Dans le Barbants de Scaliger, la place est réservée pour les illustrations, mais
celles-ci elles-mêmes manquent. Au contraire le papyrus de Gizeh est parsemé de
nombreuses miniatures, dénuées de tout encadrement ornemental, et rapidement
tracées au pinceau; les couleurs employées sont le brun, le rouge, le bleu. Les
huit doubles planches en chromotypie, très soigneusement exécutées, qui repro-
duisent ces figures à la grandeur naturelle, permettent d’en apprécier la valeur
artistique, qui est presque nulle (quelle différence avec le Cosmas du Vatican !) et
l’intérêt historique, qui est très grand, surtout à la lumière des fines et pénétrantes
explications de M. Strzygowski. Le livre illustré est une invention égyptienne, qui
remonte au moins au Moyen Empire. L’illustration fut d’abord réservée aux textes
religieux; c’est d’Asie qu’est venue l’image historique. A l’époque gréco-romaine
deux systèmes d’illustration sont en présence : l’un explicatif et narratif (tradition
hellénistique), l’autre purement ornemental (tradition asiatique). Cassiodore en
opère la conciliation; tous deux apparaissent réunis dans le papyrus de Gizeh,
1. Eine alexanclrinische Weltchronik. — Text und Miniaturen eines griechischen Papy-
rus derSammlung W. Golenijj/œo, herausgegeben und erklârt von. Adolf Bauer und Josef
Strzygowski. (Denkschriften der Akad. der Wissenschaft in Wien, philos, hist. Elusse,
Band LI, ir). — Wien, Gerold’s Sohn, 1905, in-4°, 204 p.