Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 40.1908)

LE PAYSAGE EN FRANGE
AU DÉBUT DU XVIIIe SIÈCLE
ET L’ŒUVRE DE J.-R. OUDRY

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onsidérer l’action profonde qu’exerça
sur les destinées de l’art français la
crise de l’esthétique dans les vingt-
cinq dernières années du règne de
Louis XIV, on s’étonne que la victoire
des « réalistes » et des « coloristes »
n’ait pas abouti immédiatement, comme
elle fît pour la peinture de genre, à ta
formation et à l’épanouissement vigou-
reux d’une école de paysagistes indé-
pendante, originale, nationale1.

On ne se fait pourtant pas faute de parler de la nature à cette
époque-tà. Le réalisme, à la mort de Le Brun, est déjà si fort en
progrès, à Paris, qu’il menace d’emporter toutes les traditions aca-
démiques. Il gagne tous les genres sans rencontrer d’opposition
sérieuse. Les peintres u’histoire renoncent très volontiers aux
« fabriques » romaines. Jean Jouvenet, de Troy aiment à rem-
placer les colonnades antiques par des forteresses féodales munies
de créneaux et de mâchicoulis. C’est dans la solitude d'un paysage
délicieux qu’Antoine Coypel fait tomber Renaud entre les bras
d’Armide. De Piles, le théoricien du réalisme, se permet d’attirer
l’attention des peintres sur les constructions « gothiques » : elles
figureront très bien à l’occasion dans un site champêtre. Enfin, on
parle tout haut, sans d’ailleurs trop les connaître, des paysagistes

1. Cf. sur celle question te chapitre de l’excellent ouvrage de M. Pierre-
Marcel Lévi : La Peinture française de '1690 à 1721, Paris, 1906, in-8, p. 221.

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