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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 40.1908

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https://doi.org/10.11588/diglit.24867#0195

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BIBLIOGRAPHIE

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comporte de science et de conscience : cette desciption, par la plume et le pin-
ceau, de L’Armée du Grand Frédéric, qu’à la suite de sa magistrale illustration de
l’histoire du monarque par Kugler Menzel entreprit pour parachever l’évocation
de l’épopée frédéricienne. Il n’employa pas moins de quinze années, de 1842 à
1857, à cette tâche de résurrection, que lui rendaient singulièrement difficile le
recul du temps et la pénurie des renseignements, dessinant avec un soin scrupu-
leux tout ce que renfermaient les dépôts d’équipement et les arsenaux, consultant
tous les documents figurés anciens, étudiant pièce par pièce chaque costume et
chaque arme, reconstituant, enfin, pour chaque régiment la tenue complète des
officiers de tous grades et de leurs hommes : cuirassiers, dragons, hussards, fusi-
liers et grenadiers, artilleurs à pied et à cheval, corps spéciaux, etc. Menzel lui-
même, dans une note reproduite en tête de l’album qui nous occupe, a retracé
l’histoire de l’élaboration de cette œuvre gigantesque, véritable monument à la
gloire des premières armées de la monarchie prussienne. Finalement, il en résulta
453 planches lithographiques, que l’éditeur Sachse fit tirer à trente exemplaires
et rehausser de couleurs d’après un original aquarellé par l’artiste.

C’est le fac-similé fidèle, en couleurs, de cet unique exemplaire ayant appar-
tenu à Menzel (et qui a été acquis récemment à Cologne au prix de 150 000 francs)
que nous offre la nouvelle publication que voici; seulement, tandis que Menzel
avait consacré à chaque régiment trois planches : officier, sous-officier, et
simple soldat, l’éditeur s’est borné à un seul type et, au total, à un choix de cent
planches, les plus essentielles et les plus intéressantes au point de vue tant mili-
taire qu’artistique. Voici donc, dans toute sa fraîcheur, avec une exactitude absolue,
grâce à la perfection des moyens actuels de reproduction, l’œuvre du maître
mise sous nos yeux. Rien n’est plus édifiant. La conscience des recherches minu-
tieuses auxquelles l’artiste s’est livré apparaît dans la précision avec laquelle est
dessiné, mais d’une touche qui n’a rien de sec ni d’étriqué, chaque détail d’uni-
forme, reproduit souvent en marge sous différents aspects, parfois même avec le
patron et les mesures; et, toutefois, le sens de la vie est si grand chez Menzel que
jamais ne prévaut l’impression d’un travail de documenlation. Les personnages
qu’il revêt de ces costumes et de ces armes ne paraissent nullement ce qu’ils sont
en réalité : des mannequins habillés; ce sont de véritables hommes en chair et
en os qui donnent presque l'illusion de portrails; ce sont — tellement Menzel a
vécu dans l’intimité de cette époque et s’en est imprégné — les vrais soldats de
cette rude armée de la campagne de Silésie et de la guerre de Sept ans, et ce
n’est pas là le moindre charme de ce long défilé. Avec quelle verve, d’ailleurs,
l’artisle a su varier les poses et les expressions suivant l’arme et la fonction ! La
figure du prévôt, confortablement assis, le dos appuyé à un grand poêle de faïence,
et taillant ses verges — ces verges dont Menzel nous montre au-dessous, dans un
calque d’une eau-forte de Chodowiecki, la cruelle application — est, par exemple,
une merveille d’humour et de vérité. Et voici d’autres planches non moins pitto-
resques : le fusilier coiffé du haut casque conique en cuivre, bourrant son arme;
le chasseur embusqué au coin d’un buisson; les hussards de Szekely ou « de la
Mort », en manteau noir, une tête de mort au colback; ceux de Zieten, de Werner,
de Seydlitz, chamarrés, couverts de lourdes pelisses, tous l’air farouche, et, comme
contraste, l’officier porte-étendard des gardes du corps, en son coquet uniforme
blanc bordé de rouge; les Bosniaques, avec leur jupe et leur cimeterre; le gros
 
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