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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 40.1908

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Nr. 3
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Mély, Fernand de: Quinten Matsys et Marinus: les primitifs et leurs signatures
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https://doi.org/10.11588/diglit.24867#0236

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216

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

et les cite comme modèles aux artistes de son temps1, semblent
bien affirmer que la légende a vécu.

Mais si, peu à peu, devant l’évidence photographique, j’entends
reconnaître qu’il est possible que les sculpteurs, que les miniatu-
ristes, dont je me suis jusqu’ici à peu près exclusivement occupé,
aient parfois mis leurs noms au bas de leurs œuvres, on continue
à m’objecter que les peintres primitifs — de chevalet — n’ont
jamais signé, et que les inscriptions dans les bordures des vête-
ments, dans les détails d’architecture, ne sont que de simples entre-
lacs auxquels on ne saurait demander aucune signature.

Alors, je voudrais étudier maintenant les peintres primitifs —
de chevalet, — et montrer qu’ils ne furent pas d’une mentalité dif-
férente de celle des autres artistes; et je commencerai par un tableau
bien connu, dont on trouve, en Europe, dans les musées, dans les
collections particulières, de très nombreuses répliques, attribuées
tantôt à un maître célèbre, tantôt à un de ses élèves, tantôt enfin
simplement à son école, et je tenterai de faire voir qu’à côté de la
critique d’art pure il est possible de faire une critique nouvelle —
puis-je dire paléographique? — qui, celle-là, ne laisse rien à
l’aventure.

❖ ❖

Le Banquier et sa femme,, du musée de Louvre2, appelé aussi
Le Peseur d’or et sa femme, L'Avare et sa femme, Les Changeurs, est
une des pages les plus exquises que les Primitifs nous aient léguées.

Assis à une table, appuyé sur le coude gauche, un homme à l’air
sérieux élève, dans un mouvement très souple, une petite balance et
place, de la main droite, dans le plateau une pièce de monnaie. Son
chapeau est noir, son vêtement gris bleu, bordé de martre. Devant
lui sont les poids du changeur et des monnaies en tas, si soigneu-
sement reproduites, que le numismate y pourrait distinguer les
dordorels, les patars, les nobles, les dinars, les livres et les escalins.
A sa gauche, une femme, vêtue d’une robe rouge bordée de petit-
gris, est coiffée d’un chapeau marron placé sur une coiffe blanche,
fixée aux cheveux par une petite épingle d’or. Tout attentive, elle se
détourne du livre d’Heures qu’elle feuilletait à l’instant et dont son
doigt retient encore la page terminée, pour se pencher curieusement

•1. F. de Mély (Bulletin (les Antiquaires de France, 1907, p. 367, et Chronique des
Arts, 22 février 1908).

2. Petites salles des Flamands, n° 2029 du catalogue.
 
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